Eure : l'abattage de plus de 130 arbres suscite l'émotion au Neubourg

Après la découverte de la présence de champignons dans les arbres et le risque de chutes, l'abattage d'une allée de hêtres a débuté le 17 janvier 2022 dans la commune du Neubourg (Eure)

L'allée qui part du centre-ville  du Neubourg (Eure) pour aller en ligne droite en direction du château du Champ de Bataille était interdite d'accès par les gendarmes ce lundi 17 janvier 2022.  

Il s'agissait d'empêcher quiconque d'approcher les bûcherons (arrivés tôt le matin dans le brouillard) en train de débuter l'abattage de 138 hêtres. 

Inscrite aux monuments historiques, cette allée de 167 hêtres, pour la plupart plantés entre 1956 et 1958, compte un grand nombre d'arbres malades. En raison d'un risque de chutes de branches et donc d'accidents, la mairie du Neubourg avait dans un premier temps limité l'accès des promeneurs, puis demandé une expertise à l'Office national des forêts.  


En 2021, les spécialistes de l'ONF ont détecté la présence de plusieurs types de champignons, dont certains étant capables de passer d'arbre en arbre par les racines.  Les hêtres sont ainsi attaqués à la fois à la base, au cœur et aux branches, et précise l'ONF, il n’existe aucun remède : ces champignons ne peuvent pas être éradiqués autrement que par l’extraction des arbres les plus atteints, ou par des méthodes incompatibles avec la fréquentation des lieux par le public.  

En raison du risque de propagation aux arbres sains, il a donc été décidé d'abattre la quasi-totalité de l'allée et la remplacer avec des arbres d'essences plus résistantes. C'est ce qu'avait expliqué en mars 2021 Isabelle Vauquelin, maire du Neubourg, à notre journaliste : "Quand il y a la sécurité qui est en jeu, c'est une décision qu'un maire doit prendre et elle forcément difficile à prendre parce que c'est une belle allée. Mais nous, ce que l'on souhaite c'est la replanter pour les générations futures."    

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Alors que les champignons migrent par les racines, se pose la question de n'abattre que les arbres déjà atteints et de laisser les autres… ©France Télévisions


Le début des travaux d'abattage, gardés par les gendarmes, a déclenché la colère des défenseurs de ces arbres. Parmi eux : Adrien Brunet qui avait lancé une pétition sur Internet et recueilli, début 2021, des dizaines de milliers de signatures : "Je ne suis pas contre l'abattage, je suis contre l'abattage total. Je ne comprends pas pourquoi l'ensemble des arbres doit être coupé."  

Un abattage avant replantation

Dans un communiqué publié le 17 janvier 2022, la préfecture de l'Eure précise qu'un "travail partenarial de conciliation des enjeux de sécurité, de paysage et de biodiversité a été mené, afin de trouver une décision équilibrée et concertée. Un arrêté préfectoral a été pris autorisant l’abattage de 138 hêtres, prescrivant de préserver 29 arbres (13 au Nord et 16 hêtres au Sud), de procéder à une replantation et de mettre en œuvre  des mesures d’accompagnement pour la biodiversité. Ces actions permettront de préserver la biodiversité présente, de l’enrichir sur la durée, et surtout de recréer une allée durable pour les prochaines décennies, alors que l’actuelle était condamnée."    

Les 29 hêtres qui restent en place "sont Identifiés comme abris pour les espèces à enjeux"  en attendant une croissance suffisante des nouveaux arbres.    

"Un déni de démocratie"

Toujours le 17 janvier, mais en fin de journée, France Nature Environnement a, à son tour publié un communiqué pour dénoncer la décision d'abattre les arbres du Neubourg.  FNE (qui est la fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement) interpelle la préfecture de l'Eure au sujet de l'arrêté préfectoral autorisant l'abattage :  

"N’ayant pas été diffusé, il nous a été impossible de prendre les voies de droit nécessaires à la contestation de cet abattage. Cette situation relève pour nous du déni de démocratie, et de justice et d’une manifeste obstruction au droit qu’à tout citoyen de faire appel au juge devant des décisions et actes illégaux."  
 FNE  reproche aussi à la préfecture de ne pas préciser (dans son communiqué) que l’étude faunistique réalisée par  la LPO Normandie avait présenté cinq scénarii. "C’est le scénario le plus radical qui a été choisi, concluant à l’abattage de la quasi-totalité des arbres. Or, au regard des différents diagnostics dressés, cette solution nous apparait comme disproportionnée compte tenu du fait que seulement une trentaine d’arbres présentaient un danger pour la sécurité publique." "Demeurant dans l’attente de la publication de l’arrêté afin de pouvoir le contester, nous sommes cependant impuissants face à ces méthodes, celles-ci ayant un caractère irréversible sur la survie de cette magnifique allée d’arbres."   

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