Une vidéo sur Facebook présentait une séance de trot derrière un van comme un acte de maltraitance. Elle a fait le buzz à tort. Le propriétaire du cheval s'explique.
Jacques Enos ne s'en remet toujours pas. Dimanche 23 juillet 2017, il offre comme chaque soir une séance de rééducation à l'un de ses chevaux. L'animal doit parcourir 500 mètres le long d'une route départementale avant de pouvoir trotter dans la campagne. Ce soir-là, il ne remarque pas tout de suite un véhicule qui suit de très près l'équipage.
"Trop près" explique Jacques Enos. "La voiture roulait beaucoup trop prêt. Le cheval s'est senti menacé. Cela a provoqué quelques ruades et l'animal s'est mis de côté".
La scène est filmée par la conductrice. Elle met la vidéo en ligne sur son réseau social dès le lundi 24 juillet. Le document fait le buzz très rapidement.
Une technique validée par les vétérinaires
Chic Morainville est un trotteur appartenant à Jacques Enos. Ce passionné de cheval est agriculteur et maire de la commune de Morainville-Jouveaux, près de Brionne dans l'Eure. L'animal s'est blessé près d'un an plus tôt le 5 août 2016 dans son paddock. Agé de cinq ans, il avait remporté quatre jours auparavant la septième épreuve de la réunion se déroulant sur l'hippodrome de Mauquenchy, drivé par Mathieu Mottier.
Une entorse accompagnée d'une tendinite contraignent l'animal à rester pendant six mois au box. La technique du trotting est recommandée par la vétérinaire du cheval pour permette aux tendons de retrouver une certaine souplesse. Dans un certificat du 26 juillet 2017, le Docteur Ariane Valère précise :
"Pour cela, il est primordial de placer le cheval dans des conditions de travail bien contrôlées, de manière à remettre les tendons en tension sans accident. La surface plane et uniforme qu'offre la route est idéale pour ce type d'exercice (le classique trotting sur la route). D'autre part, l'utilisation de véhicule motorisé auquel les trotteurs sont habitués depuis leur plus jeune âge est parfaitement adaptée".
Chaque soir, Chic Morainville avait droit à une séance de trotting d'une heure en pleine nature, accroché derrière un van roulant à 12 kilomètres par heure. "C'est la vitesse exacte du petit trot." confirme son propriétaire. Depuis les événements, le cheval a été changé de lieu. Il doit désormais réaliser ses séances de rééducation sur tapis roulant dans un hangar. Une situation qui pourrait conduire à une déprime du cheval. Le rétablissement de l'animal pourrait prendre encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Vers une action en justice
Jacques Enos a très mal vécu les événements. Il explique que nombre de propriétaires n'auraient pas autant investi financièrement et personnellement dans le traitement d'un cheval blessé et qu’ils auraient conduit l'animal à l'abattoir.
Heuré par la vidéo, il dément avoir communiqué à un quelconque moment avec la jeune-femme lors de la prise-de-vue. Il a porté plainte et souhaite aller en justice pour diffamation et dénonciation calomnieuse. "Pas pour l'argent précise-t-il, puisqu'il reverserait tout dommage et intérêt à une association de victimes de Facebook ou à une structure d'aide aux animaux.
Jacques Enos confie que le cheval était devenu la mascotte du village et que des milliers de conducteurs avaient pu le voir trotter derrière le van, avant la publication de la vidéo. Son exploitation a fait l'objet d'une enquête de la ligue nationale des équidés depuis la mise en ligne du document. L'association ne devrait pas donné suite à la procédure.