Trois Normands sont jugés devant la cour d'assises spéciale de Paris avec cinq autres accusés pour leur implication dans l'assassinat de Samuel Paty en 2020. Ce mercredi 13 novembre, l'itinéraire du terroriste de 18 ans qui vivait à Evreux a été présenté par un policier de la sous-direction anti-terroriste.
Devant la cour d'assises spéciale de Paris, composée de juges professionnels, sans jurés populaires, certains témoins parlent sans que l'on ne voie leur visage.
Au procès de l'assassinat du professeur Samuel Paty, le policier de la sous-direction anti-terroriste a déposé ce mercredi 13 novembre hors de la salle d'audience, anonymement en visioconférence.
Il a apporté les informations répondant à cette question : qui était Abdoullakh Anzorov, Ebroïcien de 18 ans. Ce Russe d'origine tchétchène, qui a grandi dans le quartier de la Madeleine, est mort le 16 octobre 2020, abattu lors de l'intervention des forces de l'ordre alors qu'il venait de décapiter Samuel Paty.
Un adolescent violent craint par des professeurs
Abdoullakh Anzorov, né en 2002 à Moscou, quitte lors de sa petite enfance la Russie avec sa famille, qui obtiendra le statut de réfugiés. En 2012, ils s'installent à Evreux. La famille tchétchène est décrite comme stricte et religieuse.
L'agent de la sous-direction antiterroriste précise que le père aurait hébergé des combattants djihadistes en Tchétchénie et était recherché par les autorités russes.
Abdoullakh est décrit comme un adolescent bagarreur, froid, avec des difficultés scolaires. Il est précisé dans le rapport que des professeurs d'Evreux le craignaient un peu. Il est réputé comme étant "le Tchétchène qui ne se laisse pas faire".
Ce garçon a une passion pour les sports de combat et la boxe. Il avait d'ailleurs postulé pour être agent de sécurité mais son profil a été écarté. Finalement, il travaillera un peu comme carreleur, sans être déclaré.
Une obsession pour le djihad et la mort
En 2020, Anzorov est envahi par la radicalisation religieuse. Distant avec les filles, il dit aussi préférer vivre "comme un clochard" que travailler sans pouvoir prier.
L'agent de la SDAT précise que la radicalisation s'accentue au printemps 2020, six mois avant l'assassinat du professeur Samuel Paty. On en trouve des traces sur les réseaux sociaux.
La "mort en martyr" devient un projet et même un espoir. Il n'a que 18 ans.
Compte-rendu de F. Nicolas et V. Arnould. Dessins d'E.de Pourquery
Que savaient les amis du terroriste ?
Deux jeunes Ebroïciens de 22 et 23 ans comparaissent devant la cour d'assises spéciale de Paris. Ils sont accusés de complicité d'assassinat. L'un en ayant aidé Anzorov à trouver une arme et en le conduisant au collège de Conflans-Sainte-Honorine. L'autre, en l'aidant activement à trouver et acheter l'arme, un couteau vendu dans une coutellerie rouennaise.
Ce mercredi 13 novembre, un ancien collègue de Samuel Paty, professeur de sport, a été interrogé par la cour d'assises. Il est passé en voiture juste après l'exécution de la victime. Charlie J. a besoin de comprendre l'engrenage de 11 jours entre le cours d'éducation civique et l'exécution de Samuel Paty la veille des vacances de la Toussaint 2020.
Concernant les accusés, anciens amis d'Anzorov, aujourd'hui dans le box, il ajoute : "Ils ont passé beaucoup de temps ensemble, ils ont acheté un couteau. Je n'ai pas envie d'entendre 'on ne sait pas ce qu'il s'est passé, peut-être qu'il voulait faire un cambriolage'. Ce n'est pas possible, je n'y crois pas. En tout cas, j'ai besoin de savoir."
L'audience reprend ce jeudi 14 novembre. D'autres agents de la sous-direction anti-terroriste expliqueront les liens entre Anzorov et les deux jeunes Ebroïciens.