Arnaud Couillard est président de la ligue normande de squash. Le 21 janvier 2023, frappé par une attaque cardiaque, il s'écroule en plein entraînement. Aujourd'hui, le quinquagénaire a repris son sport favori. Il n'avait que 3% de chances de survivre. Témoignage.
"On est en vie et une demie seconde. Après, on est mort. J'ai fait un arrêt cardiaque de 25 minutes". 21 janvier 2023, comme à son habitude, depuis 13 ans, Arnaud Couillard mouille son maillot sur son terrain de squash. Mais rien ne se passe comme prévu. Au bout de 15 minutes, le quinquagénaire s'écroule. Crise cardiaque. Il fait ce que l'on appelle une mort subite du sportif.
2 à 3% de chances de se réveiller
Après avoir fait redémarrer son cœur, "j'ai été plongé dans le coma", raconte le joueur, "et je suis resté en soins intensifs pendant une quinzaine de jours. Il n'y avait pas beaucoup d'espoirs que je me réveille". Seulement 2 à 3 % de chance. "Mais je me suis réveillé pleinement conscient et en possession de ma tête, mes jambes, de tout... un an après, le corps médical ne sait pas pourquoi j'ai fait ça."
Un an après, il a repris le squash. Avec toutes les précautions. "J'ai un capteur optique qui me permet de surveiller ma fréquence cardiaque", décrit Arnaud Couillard. "Je ne peux plus mettre de sangle thoracique à cause de mon défibrillateur, je me suis autofixé mes propres limites."
3 Français sur 10 formés aux gestes de premiers secours
S'imposer des limites pour ne pas provoquer le pire. Aujourd'hui, Arnaud et son entourage savent gérer ces situations, mais au moment du drame, tout le monde semblait impuissant. Ou presque. "Moi la première, je ne connaissais pas ces gestes-là", admet Sarah Khelil, compagne d'Arnaud Couillard "et heureusement, c'était un pompier volontaire qui était là, qui pratiquait le squash et qui a pu le sauver en fait".
L’arbitre qui était derrière moi, s'il n’avait pas su faire de massages cardiaques, je ne serais plus en vie. Et si quelqu’un d'autre l'avait fait, mais plus tard, j'aurais aujourd'hui des séquelles mentales.
Alain Couillard
VIDEO. Le reportage de Quentin Bral et Emma Stenfield
"On s'est tous regardé, on était une vingtaine de joueurs, on se connaît très bien et il y avait peut-être deux personnes qui pouvaient prodiguer ces gestes-là", ajoute la compagne du sportif.
Des gestes de premiers secours qui ont pu sauver Alain. Et lui donner envie aujourd'hui de rendre la pareille en organisant pour l'Association Cœur et Recherche un tournoi afin de récolter des dons.
On est maximum 3 Français sur 10 qui sont formés aux gestes de premiers secours. En sachant que sur ces 3 Français sur 10, il y en a, à peine, 15% qui se sentent capables d'intervenir.
Vincent-Pascal Laplaige, formateur Normandie Prévention Formation
Entre 800 et 1200 morts par an
"Et je me suis dit qu'il était normal qu'un maximum de la population soit formé à des gestes très simples : PLS, aller chercher un défibrillateur, savoir quoi dire quand on appelle les secours."
Finalement, Arnaud Couillard est un rescapé marqué pour toujours. "Tous les jours, j'y pense obligatoirement," se livre-t-il "puisqu'on ne sait pas pourquoi on se demande pourquoi ça ne se reproduirait pas où est-ce qu'on va se réveiller demain tous ces petits trucs sur lesquels il faut travailler."
Le squasheur a sans doute rempoté le match le plus important de sa vie. Chaque année en France, la mort subite du sportif fait entre 800 et 1200 morts.