A Pont-Audemer (27), comme ailleurs en France ce dimanche, la municipalité et les associations d’anciens combattants ont organisé une cérémonie pour se souvenir du 8 mai 1945. Une date qui marque la fin de six ans de combat en Europe.
Devant le monument aux morts, ce dimanche 8 mai 2022, à Pont-Audemer dans l'Eure, ils sont une cinquantaine réunis drapeaux à la main. Des élus en nombre, des anciens combattants et quelques jeunes, plus rares.
Pour ceux qui comme Jean-Pierre Ruel ont combattu pendant la guerre d’Algérie, il est loin le temps où les enfants venaient nombreux chanter ou simplement se souvenir de ceux qui sont tombés pour défendre le sol français.
"Dans une dizaine d’années tout au plus, nous aurons disparu"
"Nous sommes là aujourd’hui mais pas pour des dizaines d'année encore", explique Jean-Pierre Ruel, vice-président de l'Union nationale des combattants de Pont-Audemer. "Des gens comme moi qui avons combattu en Algérie avons en moyenne 80 ans. Dans une dizaine d’années tout au plus, nous aurons disparu" conclut-il.
Pour tous ce dimanche, le regard est rivé vers la jeunesse et vers l’école. "Je ne suis pas là pour faire le procès de l’Education Nationale mais je pense qu’il faudrait en parler plus souvent aux élèves et les faire venir auprès des monuments aux morts", conseille Jean-Pierre Ruel.
La preuve se souvient-il : "Il y a quelques années, à Manneville-sur-Risle, la veille du 11 novembre, la directrice de l’école avait convoqué tous les élèves et leur avait expliqué la signification de cette date et ce qu’avait été la Première Guerre mondiale. Le lendemain, une trentaine d’entre eux nous avait accompagnés en chantant. On pouvait leur poser des questions, ils savaient ce qu'on commémorait. " Une démarche trop rare regrette-t-il.
Conséquence : les commémorations restent aujourd’hui le domaine quasi-réservé d’associations comme celles réunissant les anciens combattants.
Ce dimanche, Denis Lamy, le président du comité local de Manneville-Pont-Audemer de l'association le Souvenir français, était présent. Créé en 1887, le Souvenir français se donne plusieurs missions : entretenir les tombes et monuments aux morts, maintenir les cérémonies commémoratives comme celles du 8 mai ou du 11 novembre et transmettre la mémoire des guerres aux plus jeunes.
Denis Lamy s’est vu remettre par le vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Guy Nicolle, le drapeau de Rhin et Danube, régiment sous lequel cet ancien combattant a servi à partir d’octobre 1944. C'est l'une des composantes principales de l’Armée française de la Libération, qui a participé au débarquement en Provence puis aux campagne d’Alsace et d’Allemagne.
Passer le relais aux plus jeunes
A 98 ans, Guy Nicolle qui participe très activement aux commémorations du 8 mai 1945 n’était plus en capacité physique de continuer à porter le drapeau. "J’ai dit oui tout de suite", confie Denis Lamy. "Je ne suis pas un ancien combattant. J’ai simplement fait mon service militaire en 1982."
Le patron du comité local du Souvenir français espère pouvoir prochainement se rendre dans les écoles pour mener des actions pédagogiques auprès des plus jeunes.
Un enjeu de taille confirme le lieutenant-colonel Maximilien Leprêtre : "Notre gros souci est d’assurer la relève. Nous vivons dans un pays libre c’est vrai. Mais cette liberté, il faut la mériter. J’en appelle au civisme des jeunes générations", conclut le président du comité d'entente des anciens combattants de Pont-Audemer.