La Fédération Française de Football veut à tout prix que la Coupe de France aille à son terme. Alors qu'une large majorité de sportifs français licenciés rongent leur frein loin des terrains, la FFF s'est arrangée avec l'Etat pour accorder une dérogation au clubs encore en lice dans la compétition.
Messieurs, jouez ! Après deux mois et demi sans disputer le moindre match, la douzaine de clubs amateurs normands encore en lice en Coupe de France est sommée de vite se remettre en ordre de marche pour que la compétition puisse être sauvée. La Fédération leur octroie dix jours pour être fin prêts à disputer un match de football de haut niveau, à fort enjeux.
Je ne trouve pas illogique qu'on sanctuarise cette compétition. Elle a un goût particulier et quitte à sauver quelque chose cette saison, autant que ce soit celle-là. Et puis, on a réclamé à corps et a cris la reprise de la Coupe de France donc on ne peut pas se plaindre maintenant qu'on l'a obtenue, mais disputer des matchs avec un tel enjeux, un telle intensité, dans ce timing-là, on n'est pas très loin de l'irresponsabilité.
Si les amateurs se réjouissent de pouvoir retrouver la compétition, ils s'alarment aussi des conditions de cette reprise, jugée par tous précipitée. "C'est brutal ! se désole Christian Cases, co-président du FC Flers. Depuis le début de l'année, on a dû faire deux entraînements d'une heure et demi le samedi après-midi, par petits groupes, sans contact, en respectant les mesures sanitaires. Je ne vois pas comment on va pouvoir faire pour avoir des joueurs performants en à peine dix jours."
Un Goliath plus fort contre un David affaibli
D'autant plus que la note de FFF ne donne aucune réponse à la question d'une attestation dérogatoire au couvre-feu à 18h. "Notre entraîneur et la moitié de nos joueurs vivent à Caen, il nous est donc impossible de s'entraîner en journée." poursuit le président ornais. Certains réclament le statut de « haut niveau » tout le temps que l'équipe reste en lice dans la compétition, ce qui permettrait de s'arroger des contraintes liés au couvre-feu.
Quid aussi de l'équité ? Le FC Flers doit recevoir le FC Rouen, qui évolue deux divisions plus haut et qui est autorisé à s'entraîner collectivement depuis de nombreuses semaines. Pire encore pour l'Olympique Pavillais, qui doit recevoir une équipe de Quevilly-Rouen-Métropole qui n'a même pas arrêté de jouer, son championnat de National ne s'étant pas interrompu.
Cette rencontre, déjà bien déséquilibrée sur le papier, mettra aux prises des joueurs professionnels parfaitement en condition et des amateurs qui ne peuvent même pas s'exercer tous ensemble. "On est content de pouvoir jouer mais on aurait préféré que ça se fasse fin février pour permettre à nos joueurs de retrouver une bonne forme. Là, franchement, il n'y aura pas photo, et le match sera vite plié", regrette Grégory Meunier, coordinateur sportif à Pavilly.
Selon le calendrier dévoilé ce matin par la Fédération, le monde amateur devra s'organiser pour avoir disputé tous ses tours de Coupe de France avant le 21 février, soit un tour par semaine pour les équipes allant le plus loin dans l'aventure.
Au-delà du fait de pouvoir à nouveau rejouer, certains se retrouvent mal à l'aise de cette situation privilégiée. "Je ne comprends pas bien que certains clubs aient un passe-droit, compte tenu de la situation sanitaire du pays. Ça ne reste qu'un sport, et à côté, il y a des gens qui perde la vie", explique Grégory Meunier.
Un lourd cahier des charges sanitaire
Le football amateur peut reprendre, mais dans des conditions draconiennes. L'ensemble des joueurs d'une équipe et son staff devront justifier de tests Covid négatifs réalisés 2 à 3 jours avant le match si PCR, le jour même si antigéniques. Un médecin devra être présent le jour du match pour vérifier lesdits résultats. En cas de test positif ou de défaut de test, l'équipe sera tout bonnement éliminée par forfait.
Outre l'aspect sanitaire à proprement dit, les rencontres devront avoir lieu dans l'après-midi, pour pouvoir respecter le couvre-feu de 18h. Elles se joueront toutes à huis-clos, privant ainsi les clubs des recettes toujours importantes de la Coupe de France. Car l'argent entre en ligne de compte dans l'équation.
"C'est aussi un match à enjeux financier, rappelle Thibault Deslandes. Il est important parce qu'il y a 7500 euros à la clef et que dans la situation sanitaire actuelle, on ne peut pas cracher dessus."
Devant les nombreuses interrogations suscitées par cette annonce aussi express qu'inattendue, la Fédération Française de Football va déléguer aux ligues régionales le soin d'apporter les précisions nécessaires. Une visioconférence doit être organisée ce jour ou demain pour répondre aux questions des clubs amateurs.
Les matchs du 6ème tour de Coupe de France en Normandie
(à jouer le weekend du 30 et 31 janvier)
Olympique Pavillais - Quevilly-Rouen-Métropole
FC Flers - FC Rouen
Evreux FC 27 - US Avranches MSM
FC Saint-Lô Manche - AF Virois
FC Gisors Vexin - ESM Gonfreville
ES Ouest-Cotentin - ESFC Falaise
AS Val de Reuil VP - AG Caen