La ministre en charge de la formation professionnelle et de l'apprentissage, Clotilde Walter, était de passage à Caen, ce jeudi pour une visite à l'AFPA.
Dans le cadre de la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées, Coltilde Walter, secrétaire d'Etat à la Formation professionnelle et à l'apprentissage, était en visite ce matin à L'AFPA de Caen, à l'occasion du "handi meeting 14", un forum réunissant des entreprises et des demandeurs d'emploi handicapés.
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En début de semaine, à Paris, un autre évènement dont le but était de rapprocher chômeurs handicapés et entreprises étaient organisés sous la forme d'un "jobdating".
Quinze candidats, une quinzaine d'entreprises et douze minutes pour se plaire : pour débuter la 20ème semaine de l'emploi des personnes handicapées (SEPH), chômeurs et employeurs ont été mis face à face lundi 14 novembre. Ce fut une occasion d'"ouvrir des portes" aux moins valides, durement touchés par le chômage.
"Le fauteuil, ça fait peur", soupire en attendant un entretien Hamza Hamdi, étudiant de 25 ans à la recherche d'un contrat d'alternance dans la logistique depuis plus d'un an.
Comme quatorze autres participants à ce rendez-vous organisé par Ladapt (Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) au Centquatre à Paris, le jeune homme peine à trouver une activité.
A compétences égales, tous mes potes de fac sont déjà en alternance, c'est rageant
"A compétences égales, tous mes potes de fac sont déjà en alternance, c'est rageant", poursuit-il. "En juin, j'ai réussi deux entretiens mais on m'a clairement dit qu'on ne pouvait pas me prendre à cause de problèmes d'accessibilité. Ici, au moins, je peux défendre mes compétences avant tout".
Face à eux, des représentants de Dassault Systèmes, Lagardère Active, Bouygues, Korian, Generali et d'une dizaine d'autres entreprises. Pendant plus de deux heures, ces potentiels recruteurs ont tourné de table en table à la rencontre de chacun dans le cadre de ce "jobdating". Avec douze minutes, montre en main, pour mener chaque entretien.Les 4 commandements de @TREMPLIN_HANDI pour le #Forum #emploi #handicap #SEEPH2016 pic.twitter.com/HWbuqf09JQ
— LADAPT (@LADAPT) 16 novembre 2016
"On m'a demandé quel était mon parcours, ce que j'aime faire, ce que j'envisage, sans vraiment s'intéresser à ma maladie", raconte Coraline, 34 ans, à la recherche d'un emploi dans la communication.
'Un bon CV'
"Quand la maladie est arrivée, je venais de quitter une entreprise. Maintenant elle est là et on essaye de cohabiter. Il est important que je retrouve une activité, d'ouvrir de nouvelles portes", poursuit-elle.
Le jobdating l'a "revalorisée à mort" : "une recruteuse m'a regardée dans les yeux et m'a dit 'wahou, vous avez un bon CV', ça m'a fait du bien".
Selon Ladapt, entre 60 et 70% des participants, selon les années, concrétisent ces rendez-vous par une embauche dans les six mois.
Pour Sonia Mouihi, chargée de mission handicap pour le groupe Synergie, l'une des entreprises présentes, pour faire évoluer les choses, il faudrait davantage sensibiliser les patrons à l'embauche de salariés handicapés car cela "représente la diversité et la richesse humaine d'une entreprise".
"Le CV d'une personne handicapée a beaucoup de trous, qui démontrent son parcours de vie, ses difficultés rencontrées pour trouver un emploi. Quand il n'est pas formé, un patron va tout de suite dire non", estime-t-elle.
A fin juin 2016, 480.000 demandeurs d'emploi handicapés étaient inscrits à Pôle emploi (+2,3% par rapport à juin 2015), soit 8,6% de l'ensemble des demandeurs d'emploi (petite activité comprise).
Souffrant d'un manque de formation, un quart des demandeurs d'emploi handicapés ont un niveau inférieur au CAP et restent en moyenne plus longtemps que les autres sans activité.
Lancement de la #SEEPH2016 au @104paris réussi ! Bravo à tous et continuons la mobilisation cette Semaine ! #SEEPH2016 pic.twitter.com/UldQf7NVlP
— LADAPT (@LADAPT) 14 novembre 2016
Pour "renforcer l'accès à la formation", la ministre du Travail, Myriam El Khomri, a rappelé lundi que "les droits à la formation seraient doublés à partir du 1er janvier pour les personnes les moins qualifiées, via le compte personnel d'activité", l'un des mesures de la loi travail.
Elle a par ailleurs indiqué lundi, dans un discours prononcé à l'issue du "jobdating", que dans le cadre du "plan 500.000", qui doit doubler à un million le nombre de formations pour les demandeurs d'emploi en 2016, 39.000 handicapés avait intégré une formation à fin août.
La 20ème SEPH va se tenir dans toute la France jusqu'à dimanche.
A l'occasion de cette semaine européenne de l'emploi des personnes handicapées, certains ont choisi de réagir avec humour, avec cette vidéo, visible sur les réseaux sociaux.
Vous l'attendiez... voici la saison 2 du #Handicap selon SIImon : Management, handicap ou pas ! #SEEPH2016 @LADAPT https://t.co/KlcCsU1CEg pic.twitter.com/EoDQPAU6u8
— Groupe SII (@GroupeSII) 16 novembre 2016
Femme et handicapée, une double peine selon le défenseur des droits
Les femmes handicapées subissent des discriminations plus importantes que les hommes dans le monde du travail, relève le défenseur des droits, Jacques Toubon, dans un rapport publié à l'occasion de la 20ème semaine de l'emploi des personnes handicapées, qui s'est ouvert lundi 14 novembre.Les femmes handicapées "font face à des inégalités et des difficultés renforcées en matière de trajectoires professionnelles, d'accès à l'emploi et concernant leurs conditions de travail", écrit-t-il dans ce rapport intitulé "L'emploi des femmes en situation de handicap".
Elles rencontrent des difficultés et des discriminations dans l'emploi et leur carrière "parce qu'elles sont femmes, parce qu'elles sont handicapées" mais elles sont confrontées également à "des inégalités et discriminations spécifiques combinant genre et handicap".
Globalement, "peu de femmes handicapées représentent des modèles de réussite reconnus", souligne le rapport. Elles "semblent totalement absentes de nombreuses sphères de la société (où les hommes handicapés sont eux-mêmes rares) sans que cela constitue un enjeu : médias, politique, monde des affaires, arts etc".
Or, l'absence de modèle positif alimente "les phénomènes d'autocensure". Chez les cadres aussi, il y a un écart sensible. Si 10% des hommes reconnus handicapés sont cadres (contre 21% des hommes en général), il n'y a que 1% de femmes cadres (14% de l'ensemble des femmes en emploi).
"L'augmentation des femmes dans les catégories socioprofessionnelles inférieures (ouvrières) et leur surexposition aux maladies professionnelles peut accentuer ces freins dans les carrières des femmes handicapées", estime le Défenseur des droits.
Il met également en avant "une carence" en matière de statistiques sur les personnes en situation de handicap, "et plus particulièrement un défaut de données genrées".
Il émet 12 recommandations, dont l'harmonisation de la définition du handicap au sein des différentes études, la systématisation de la prise en compte du sexe dans l'élaboration des statistiques et la promotion de modèle de réussite de femmes en situation de handicap.
(AFP)