Ils veulent des navettes plus proches du parking et menacent de ne plus inscrire le Mont dans leurs visites.
La société Sodetour va faire appel en début de semaine prochaine de la décision du tribunal administratif de Caen, le 12 juillet, qui a rejeté sa requête contre un départ des navettes à 800 mètres du parking.
Le nouveau parking ouvrira le 28 avril 2012. Le chantier passera la vitesse supérieure en octobre, après la haute saison touristique, avec notamment le début de la construction du pont qui remplacera l'actuelle digue d'accès d'ici à 2015.
Mais plusieurs acteurs du tourisme, dont la société Sodetour qui possède plusieurs restaurants et hôtels sur la côte en face du Mont, souhaitent que les navettes partent directement du parking. C'est ce que prévoyait le projet d'origine soumis à enquête publique,mais modifié ensuite.
Les tours opérateurs japonais chiffrent à 300.000 le nombre de touristes nippons - sur trois millions au Mont - qui se rendent sur le rocher chaque année. Ils sont eux aussi passés à l'offensive.
La baie du Mont-Saint-Michel
Aujourd'hui, le projet prévoit le départ des navettes à 2km du parking.
"Ces 2 kilomètres minimum de marche aller-retour, pour nous qui travaillons toute l'année sur cette région humide et avec une clientèle de tous âges, c'est énorme. Techniquement, on ne peut pas travailler", proteste Arnold Apfelbaum, directeur financier d'Emitravel.
Le responsable de cette société, qui ne travaille qu'avec des Japonais, a rendez-vous mardi avec le maire du Mont Saint-Michel Eric Vannier, propriétaire d'une vingtaine de commerces sur l'ilôt et à proximité du nouveau point de départ des navettes.
"Si la destination Mont-Saint-Michel ne marche plus, on ira ailleurs", avertit le tour opérateur. "On a d'ores est déjà commencé à ouvrir d'autres destinations au cas où".
Fin juin, M. Apfelbaum a envoyé un courrier à une quinzaine d'élus locaux, pour dénoncer "une décision discriminatoire".
"Nos clients viennent de Paris, ils font l'aller et retour dans la journée. Ils n'ont que trois heures et demie pour visiter le Mont. Il faut une demi-heure pour monter à l'abbaye pour des marcheurs normaux", détaille M. Apfelbaum.
Pour l'association des agences et des tours opérateurs japonais de Paris, les excursions, dans ces nouvelles conditions, vont devoir être rallongées d'une heure trente et leur coût augmenté.
"Un client japonais dépense 80 euros au Mont-Saint-Michel. Une baisse d'activité de 30% représenterait une perte de 7,2 millions d'euros par an" pour le rocher, avertit son représentant, Yoshitake Ko, dans un courrier envoyé en mai à 24 élus locaux.
Des craintes "absolument pas justifiées" pour François-Xavier de Beaulaincourt, qui pilote le projet. Le directeur du syndicat mixte ( présidé par le président du conseil régional de Basse-Normandie (PS), Laurent Beauvais), dit toutefois comprendre que "la solution un peu radicale" choisie "pour protéger le site" suscite des réactions.