La candidate aux primaires socialistes en visite sur le thème de l'aide aux plus démunis
Philippe Duron, Laurent Beauvais et même Louis Mexendeau, tout ce que la région compte de barons socialistes étaient là pour accueillir Martine Aubry à sa descente du train en gare de Caen. "Quand le PS est uni, quand il est uni avec ses partenaires, on est là et on réussit", a déclaré la candidate aux primaires, le lendemain des sénatoriales.
Au programme de cette visite express dans la capitale bas-normande: l'aide alimentaire aux plus démunis. Celle-ci est particulièrement menacée par la remise en cause du Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD). Créé il y a 25 ans, il était au départ alimenté par les excédents agricoles. Ces excédents ont diminué au fil des années. Aujourd'hui, l'Union Européenne achète des denrées sur le budget de la PAC.
Pour l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la République Tchèque, le Danemark et la Suède, l'aide alimentaire relève de la compétence des Etats et non de la PAC. La Cour de Justice européenne leur a en partie donné raison: l'aide alimentaire n'a rien à voir avec la PAC.
Faute d'accord d'ici octobre entre les dirigeants européens, le PEAD pourrait être amputé des trois quarts l'an prochain. Les conséquences seraient désastreuses. C'est ce qu'a rappelé Nicolas Champion, directeur fédéral de la Banque Alimentaire du Calvados en accueillant Martine Aubry dans les locaux de Bretteville-sur-Odon: "Au niveau du Calvados, l'aide européenne c'est 250 tonnes en 2010. Elle risque d'être réduite de 200 tonnes en 2012, soit 400 000 repas en moins."
Même son de cloche chez les représentants d'autres associations caritatives présents. "Chez nous, les produits qui viennent de l'Europe représente 23 à 25% de notre aide alimentaire", explique Martine Prévost, des Restos du coeur, "au niveau de notre département, celà correspondrait à la perte d'un de nos centres." Elle rappelle également que l'association a distribué l'an passé "14% de repas en plus" dans le département.
Si Martine Aubry déplore une "décision de l'Europe qui tourne le dos à ce qu'elle aurait dû être", la candidate aux primaires en campagne replace rapidement le sujet de l'aide alimentaire sur le terrain national: "alors que tout augmente dans notre pays, on en arrive aujourd'hui pour se nourrir à se rendre dans les banques alimentaires: c'est selon moi le premier scandale", avant de s'affirmer en force de proposition.
Martine Aubry a également visité les locaux du Secours Populaire à Caen avant de reprendre le train direction Rouen.