La Normandie n'est pas épargnée par l'érosion du littoral. 16 communes sont concernées dans la région par ce phénomène qui met parfois en péril les habitations du bord de mer. Exemple à Sainte-Marguerite-sur-Mer dans le pays de Caux, où l'érosion est déjà à l'oeuvre.
"J'ai fait beaucoup de photos, et par rapport à il y a une vingtaine d'années, il y a eu une belle érosion. D'ici 200 ou 300 ans, on ne sera plus là" se désole la propriétaire de cette jolie propriété située à quelques centaines de mètres d'une falaise de Sainte-Marguerite-sur-Mer. Nous ne serons plus là à n'en pas douter, ni cette maison avec une vue imprenable sur la mer, qui sera détruite avant le péril.
Les falaises normandes sont-elles appelées à disparaître ? Oui, si l'on en croit l'érosion qui ronge peu à peu le calcaire et l'argile, qui constituent ces géants du littoral. Chaque année aussi, la mer gagne du terrain sur la terre, se rapprochant des habitats du bord de mer. Ceux qui y vivent ont déjà observé le phénomène.
Un phénomène inexorable
Depuis 50 ans, 30 km2 de terres ont disparu en France, rongée par l'érosion. A Sainte-Marguerite-sur-Mer, la bordure peut perdre jusqu'à un mètre de terrain par an.
"Ca dégringole en permanence", remarque Olivier de Conihout le maire de la commune qui prend pour témoin le blockhaus tombé de la falaise il y a 26 ans, "il a naturellement glissé au pied de la falaise, mais droit, et aujourd'hui vous constatez la distance de la falaise qui est tout à fait liée au recul du trait de côte".
Un décret pour une nouvelle politique d'aménagement
Le décret du 29 avril 2022 établit la liste des communes dont l'action en matière d'urbanisme et la politique d'aménagement doivent être adaptées aux phénomènes hydrosédimentaires entraînant l'érosion du littoral. 126 communes françaises sont concernées, dont 16 en Normandie.
Face à ce phénomène naturel et inexorable, le gouvernement prévoit une adaptation du PLU, plan local d'urbanisme. Il sera bientôt impossible de construire dans les zones exposées d'ici trente ans. Celles concernées à 100 ans resteront constructibles à condition d'être détruites quand l'érosion sera trop avancée.
Pour l'heure aucun projet de construction n'a encore été décidé à Sainte-Marguerite. La mairie voit cependant d'un bon oeil cette nouvelle politique d'aménagement.
"Pour nous ça change le fait que l'on est considéré comme ayant des problématiques très spécifiques, et donc vraisemblablement nous aurons la possibilité de discuter avec l'état de possibles dérogations pour pouvoir régler ces problèmes de foncier" poursuit le maire du village.
En Seine-Maritime, trois autres communes sont concernées par ce décret : Criel-sur-mer, Dieppe, et Quiberville. Pour le reste de la région, huit communes ont été identifiées dans La Manche -Agon-Coutainville, Jullouville, Donville-les-Bains, Montmartin-sur-Mer, Saint-Jean-le-Thomas, Héauville, Lingreville et Genêts- et quatre dans le Calvados -Asnelles, Bernières-sur-Mer, Courseulles-sur-Mer, et Saint-Côme de Fresné.