La pollution aux radioéléments du ruisseau des Landes (au nord de l'actuel site d'Orano) n'est pas nouvelle. Dès 2016, une association l'ACRO avait réalisé des prélèvements et alerté les autorités après avoir trouvé du plutonium et de l'américium. Le chantier de dépollution vient d'être lancé par Orano, 7 ans après les premières analyses.
À bonne distance du ruisseau, la terre est enlevée sur 30 à 60 cm de hauteur. Elle est placée dans de gros sacs de chantier qui s'accumulent. Le but de la manœuvre : ôter le sol et les radioéléments présents.
Parmi eux, du plutonium, de césium et du strontium, mais aussi de l'américium. Des éléments "particulièrement radiotoxiques", trouvés dans la terre "à des niveaux significatifs" selon l’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO).
D'où vient la contamination ?
L'origine de cette contamination est claire pour Guy Vastel de l'ACRO. Elle remonterait à divers incidents, notamment "l'incendie du silo 130 en 1981. Ça peut provenir d'une zone de stockage de ferraille et autres éléments restés à l'air libre dans le parc des ajoncs. Les radioéléments s'infiltrent avec l'eau de pluie et arrivent sous la terre jusqu'ici. Ça va durer encore un certain temps; tous les déchets auraient dû être enlevés bien avant afin d’éviter une pollution des années après."
Un terrain traité sur une surface insuffisante ?
L'opération de dépollution à l'extérieur du site d'Orano était pressentie depuis 2017. Aujourd'hui, la surface du terrain traité est de 260 m2. Insuffisant selon l'ACRO. "Dans le ruisseau et dans toute la zone, on a trouvé du plutonium, du césium et du strontium en quantité importante. Ce sont des radioéléments très toxiques. Là, Orano va ôter de la terre autour de l’abreuvoir où il y a du plutonium mais le césium et le strontium dans les champs vont rester. Orano devrait tout enlever."
De son côté Jean-Christophe Varin, directeur adjoint du site d'Orano, estime que "ce n’est pas la nature des radioéléments qui nous a poussés à réaliser cette opération. C’était la zone où le marquage était le plus élevé et même s'il n'y a pas d’enjeu sanitaire, c'est là que l’activité mesurée était la plus importante donc il est logique qu’on centre notre reprise sur cette portion de terrain."
"L’enjeu est d’arriver à un niveau d’activité résiduel indétectable", poursuit-il, "et ensuite mettre en place une surveillance pour savoir si les opérations ont répondu à l’objectif."
500 000 euros de chantier
Une surveillance radiologique sera maintenue pendant 3 ans après l'évacuation de ces terres, qui aura coûté à Orano 500 000 euros. Les cent quatre-vingt sacs de chantier de terre ramassée dans la Hague vont gagner l'Aube pour être pris en charge sur un site de l'Andra.
Au total, les 180 sacs seront emportés dans l'Aube sur un site de l'Andra.