En 2005, dix salariés de DCN à Cherbourg et Brest, victimes de l'amiante, avaient porté plainte au pénal pour poursuivre les responsables. 14 ans plus tard, le juge d'instruction en charge du dossier a requis le non-lieu.
En juin 2016 et mai 2017, l'Etat a été condamné à indemniser plus de 200 salariés du site DCN (devenu depuis DCNS puis Naval Group) de Cherbourg. Le tribunal administratif de Caen avait reconnu le préjudice d'anxiété de ces ouvriers, affectés à la construction de sous-marins nucléaires et exposés à l'amiante, qui "vivent dans la crainte de découvrir subitement" qu'ils sont "atteint(s) d'une pathologie grave, pouvant provoquer" leur décès.
Comme l'avait alors rappelé leur avocat, l'absence de protection nécessaire pour travailler dans un cadre empoussiéré d'amiante a causé 5.090 maladies professionnelles à la DCN, tous sites confondus. Une dizaine de salariés victimes avaient ainsi porté plainte avec l'aide de la CGT et de l'Adeva au TGI de Cherbourg en juin 2005 pour abstention délictueuse, homicides et blessures involontaires, une plainte pénale pour identifier les responsables et les faire juger qui a été transférée au pôle de Santé publique à Paris. Les plaignants ont depuis disparu.
14 ans plus tard, le juge d'instruction en charge du dossier a rendu le 8 janvier dernier une ordonnance de non-lieu. Le magistrat estime que la contamination ne peut être datée précisément, la maladie pouvant survenir plus années après l'exposition à l'amiante, et, par conséquent, qu'il est difficile d'identifier des responsables. Il estime donc qu'il ne peut y avoir de procès.
L'Adeva 50 a annoncé son intention de faire appel de cette décision et envisage d'autres moyens d'action. "Les responsables doivent être jugés car ce scandale sanitaire qui a sacrifié deux ou trois générations n’est pas terminé avec les opérations de désamiantage actuelles", a déclaré son président Pascal Canu à nos confrères de Ouest-France.