A venir, la publication d'une bande dessinée " New Cherbourg Stories" de Reutimann et Gabus ( Cité 14) dans les colonnes du quotidien La Presse de la Manche. Voyage dans un Cherbourg métamorphosé, un New Cherbourg à l'ambiance SF et fantastique, mélange de BD franco-belge et américaine.
Interview avec Romuald Reutimann, dessinateur de la bande dessinée " New Cherbourg Stories"- Prix de la série à Angoulême en 2012 pour " Cité 14".
" New Cherbourg stories" ("Histoires de New Cherbourg") est votre dernier opus réalisé avec Pierre Gibus, le scénariste avec qui vous avez signé la célèbre BD " Cité 14". Parlez-nous en...
Déjà Cherbourg, c'est ma ville natale et celle où je vis, j'y marche beaucoup. C'est une ville inspirante qui a une dimension surréaliste forte, je rappelle que c'est aussi là qu'est né Jacques Rouxel, le créateur des Shadocks... La ville de Cherbourg a aussi quelque chose de belge, des choses y cohabitent étrangement. Comme le célèbre kiosque à musique de Stella, oeuvre de l'un des plus grands artistes contemporains, qui a croupit dans une cour des Constructions Mécaniques de Normandie ( CMN) pendant des années avant de s'évaporer. Ou alors retrouver des photos, des cartes postales des années 50 on l'on voit la statue de Napoléon au milieu d'un espace vide, entre le radoub et les formes de l'Arsenal, seul, sur son destrier...Bref de quoi nourrir l'inspiration mais ce n'est pas Cherbourg en BD cette nouvelle oeuvre. C'est une autre histoire, une fiction d'avant-guerre. On est dans les années 20-30, l'élément central se situe au fort du Roule, on accède à un hôtel de luxe via un funiculaire. L'esprit est très pulp, romanesque, avec des détectives, des passages secrets, des monstres. A ce sujet, les sculptures de la statue Mouchel de la place De-Gaulle ont sûrement bien existé dans ces "new cherbourg stories"...
En fait, l'histoire part d'une anecdote qui a vraiment existé, en 1934. On trouve un " monstre marin" sur la plage de Querqueville. On en parle partout au point même d'inspirer Hergé dans " Quick et Flupke". La suite de l'aventure, on va la découvrir au fur et à mesure...
C'est-à-dire?
Le mode de publication renoue avec la tradition des feuilletons populaires qui paraissaient quotidiennement dans les journaux. A compter du 7 août, New Cherbourg Stories sera diffusé dans La Presse de la Manche, 14 diffusions sur une page complète du journal de Cherbourg. 70 000 lecteurs! Une façon de toucher différentes générations et d'échapper aussi aux vicissitudes du monde de l'édition... Et puis ça me plaît de renouer ainsi avec l'esprit des premières BD. J'avais déjà fait ça sous forme de feuilleton durant 60 semaines dans le Samedi Culturel du quotidien Suisse, " Le Temps", avec la BD " Tim et Léon".
La première page de New Cherbourg Stories.
Quelques mots sur l'ambiance de ces " New York Stories"...
Il y a de l'ambiance fantastique de "Cité 14" évidemment, cette BD qui nous a fait connaître Pierre et moi internationalement... une ambiance New York, comme une musique de l'épopée transatlantique de Cherbourg, j'ai retravaillé les devantures des habitations cherbourgeoises au goût de l'esthétisme américain des années 30...On retrouve aussi le cinéma l'Odéon avec des lettres amovibles sur sa devanture comme à l'époque quand le film changeait à l'affiche, un magasin pas loin spécialisée dans les cartes, les cartes marines mais aussi les tarots...On conserve pour les Cherbourgeois des repères mais on appuie aussi sur des touches de la mémoire, on fait par exemple arriver le train à l'ex-gare maritime...Dans le hall, de ce qui est devenu la Cité de la Mer, des engins steampunks qui vont chercher des pierres précieuses, on a d'ailleurs pas de déconvenues nous avec ces énergies marines renouvelables... tandis que les CMN ne construisent plus des bateaux de guerre mais des robots géants...
Rencontre avec Romuald Reutimann lors d'un atelier dessin à Cherbourg en 2013: