Samedi 6 mars, des échanges de coups de feu ont eu lieu à Octeville. Si certains habitants, dont l’adjointe à la mairie, Lydie Le Poittevin, pointent un délaissement des forces de l’ordre dans la zone, nombreux appellent à ne pas stigmatiser le quartier pour "un événement exceptionnel".
L’ambiance était plus pesante qu’à l’accoutumé, dimanche 7 mars au matin, entre les étals du marché. La veille trois individus ont été blessés par balles et ou à l’arme blanche lors d’une échauffourée. D’après le procureur de la République, "un ou deux individus, a priori pas habitants de Cherbourg, seraient à l’origine de ce règlement de compte" qui a éclaté dans un square habituellement investi par des enfants et leur famille.
"Ça fait bien une dizaine d’années que ça dure. Malheureusement, c’est un problème récurrent. Il y a des histoires d’argent facile, de drogue, mais surtout de tabac. On a une municipalité qui gère bien le problème pour les gens qui habitent le quartier, mais on ne gère pas les jeunes. Ils manquent de travail. C’est d'autant plus inquiétant quand on pense aux enfants qui vivent dans le coin", relate un habitant du quartier, interrogé dans les allées.
Un événement "non représentatif"
Comme lui, nombreux se sont dit particulièrement choqués par l’événement. Si de telles échauffourées ont déjà eu lieu, la localisation de cette dernière a particulièrement choqué. Malgré tout, ils ne veulent pas céder à la stigmatisation. "On fait partie d’une des villes les plus sûres de France, mais de temps à temps ça arrive", poursuit-il.
Un avis partagé par Lydie Le Poittevin, adjointe au maire et habitante du quartier depuis près de 20 ans. "Il y a une vraie crainte d’être stigmatisé, comme le quartier des cas sociaux, des étrangers. Oui, c’est un quartier pauvre, oui il y a de toutes origines sociales, mais cette mixité on y tient. C’est un lieu de vie, d’échanges, avec une vie associative et sportive riche. L’événement d’hier est vraiment exceptionnel et pas représentatif. Comme tous les quartiers, surtout en cette période de crise sanitaire, c’est compliqué notamment pour les jeunes. La fatigue pandémique s’installe, le ras-le-bol de vivre dans ces conditions aussi."
Elle confirme le sentiment perçu par d’autres habitants, que la situation s’est quelque peu dégradée depuis la fin du premier confinement. "Les gens se sont retrouvés confinés dans des petits appartements, il y a beaucoup de familles nombreuses. Ça n’aide pas. Après, je pense que c’est cyclique comme un peu partout."
Le manque d'effectifs des forces de l'ordre
Outre la crise sanitaire, la plupart des passants évoquent un certain délaissement de la zone par les forces de l’ordre. Un aspect reconnu par la maire adjointe. "Effectivement, à Cherbourg-en-Cotentin, qui est un mariage de cinq communes, les forces nationales ne sont pas suffisantes. Les équipages ne sont pas en mesure de régler tous les problèmes. La nouvelle commissaire vient d’arriver, elle a pris ses fonctions mercredi. C'est une problématique dont nous avons conscience et à laquelle nous voulons répondre."
Il y a une volonté de la part de tous les acteurs du territoire, des habitants, pas seulement les élus, de faire en sorte que ce quartier reste un endroit où il fait bon vivre, où on peut vivre tranquillement et jouer avec ses enfants.
Pour favoriser ce vivre-ensemble, la mairie a notamment augmenté les effectifs de police municipale. "Une solution provisoire" pour essayer de "pallier le problème dans les limites de leurs prérogatives en attendant plus d’effectifs. Il a fallu le temps de recrutement, de la formation des agents, c’est quelque chose qui va se mettre en place dans les semaines qui viennent", atteste-t-elle.
Du reste, une enquête est en cours pour éclaircir les tenants et aboutissants des violences de la veille.