Le recrutement massif lancé par LM Wind Power n'est pas anodin alors qu'un rebond du chômage est à craindre dans les mois qui viennent. Pendant trois jours, des salariés de l'usine ont animé un job dating afin de séduire des candidats. Cette nouvelle industrie a encore besoin de séduire.
Derrière son masque, Maxime l'avoue sans embages : il ne s'était pas imaginé travailler un jour dans une usine. "On a l'image des gens qui badgent à l'entrée et qui rentrent dans un atelier avec des fumées partout". Aujourd'hui, il est de ceux qui font de la réclame pour cette industrie. "Moi j'ai suivi des études en Langue Etrangères Appliquées, puis j'ai fait une reconversion en ébénisterie. Et comme j'avais du mal à trouver une alternance, je suis venu ici-même l'année dernière". Pour la deuxième année consécutive, LM Wind Power a loué la salle des fêtes pour mener son opération de séduction.
(reportage de Stéphanie Potay et Maïla Mendy)
Maxime reçoit des visiteurs qui ignorent souvent tout des métiers proposés. "Moi quand je suis arrivé l'an passé, j'ai vu un stand qualité. Je ne savais pas ce que c'était". Il est aujourd'hui "contrôleur qualité de production", fier de travailler "chez LM". En face de lui, une jeune femme l'écoute, intriguée : "j'ai fait six ans sur l'EPR, je suis aujourd'hui dans la comptabilité, mais pourquoi pas..."
C'est l'une des particularités de cette campagne de recrutement : il n'est pas nécéssaire de présenter un CV bardé de références. "L’usine privilégie le savoir-être avant l’expérience et le diplôme, et recherche des profils ayant envie d’apprendre" précise LM Wind Power. L'entreprise se charge elle-même de former son personnel, puisqu'il n'existe aucune formation initiale pour ce type de métier. "Nous recherchons des opérateurs de production, et des employés pour la maintenance, la logistique et la qualité. Les candidats doivent être dotés de qualités telles que la curiosité, la rigueur, l'envie d'apprendre et de travailler en équipe", explique Florence Martinez-Flores, la directrice des Ressources Humaines.
(En novembre 2019, LM Wind Power a annoncé la signature de gros contrats aux Etats-Unis)
Les candidats retenus suivent une formation de quatre semaines "pour comprendre comment est fabriquée une pale". Ensuite, "il y a un parcours d'intégration en atelier avec du tutorat". Un opérateur de production touche "1668 € brut et des primes liées au travail posté". Au bout d'un an, l'entreprise délivre un certificat de qualification professionnelle et la rémunération est revue à la hausse.
"Attention, il faut bien comprendre ce que ça implique de venir chez nous, prévient Grégoire, un jeune ingénieur de l'usine. Il faut que ça nous intéresse, mais il faut que ça vous intéresse. C'est bilatéral". "Chez LM", on travaille en "4/8". Soit une semaine le matin, une semaine le soir, une semaine la nuit et la quatrième "on est en repos". ll y a des objectifs et des procédures à respecter. C'est à ce prix que se fabriquent les plus grandes pales d'éoliennes du monde. Elles sont longue de... 107 m !
"On est dans une usine moderne avec du matériel neuf", insiste Maxime devant une candidate manifestement tentée. "Il y a un vrai travail d'équipe avec des gens qui vienent de tous horizons. On a des boulangers, des mécaniciens. Certains étaient dans le social. Il y a un ciment qui se fait. Mais attention, ça demande de l'implication. Ce n'est pas un métier qu'on fait juste pour gagner son salaire, dit-il avec l'oeil brillant. Moi, honnêtement, j'en rêve la nuit".