Rafael Nadal va mettre fin à une carrière sportive éblouissante et harassante. En 2003, l'Espagnol s'était hissé en finale du tournoi Challenger de Cherbourg. Il n'avait que 16 ans mais sa hargne et sa débauche d'énergie en faisait déjà un joueur hors-norme : "Ça sautait aux yeux". Nous avons retrouvé les images...
L'issue était inéluctable. Rafa tirera sa révérance au mois de novembre, après une dernière rencontre de Coupe Davis. Il vient de l'annoncer sur les réseaux sociaux. Ses supporters sont inconsolables. "Je suis très triste, dit une de ses plus ferventes admiratrices en Normandie. On sentait bien depuis les JO que ça allait arriver, mais ça me fait quelque chose. Je l'ai suivi depuis toute petite".
Voir cette publication sur Instagram
Sa longévité est telle qu'il semblait éternel. Nadal est sur le circuit professionnel depuis plus de 20 ans. Une éternité ! Au mois de mars 2003, un tout jeune Espagnol pose son sac à Cherbourg pour disputer le challenger. "On en est à 31 tournois. Des joueurs one en a vu passer, mais lui, il était déjà très atypique", raconte Alain Thieboit qui dirigeait alors le tournoi.
"On sentait qu'il allait être très fort"
Rafael Nadal est tout juste âgé de 16 ans. Un peu timide en dehors du terrain, le regard dissimulé derrière une tignasse brune, il éblouit son monde sur le court. "Son niveau était ahurissant, avec un lift énorme. On sentait qu'il allait être très très fort".
Le jeune homme accorde une de ses premières interviews devant la caméra de France 3 Normandie. Nadal, qui découvre le circuit des grands, ne fanfaronne pas : "J'ai un jeu agressif, dit-il, mais avec des joueurs plus âgés, la balle revient très vite".
Nadal parvient en finale du tournoi, mais il est battu par Sergio Roitman, un joueur argentin. "Lui, il n'a pas percé au plus haut niveau par la suite", note Alain Thiebot. Celui qu'on ne surnomme pas encore Rafa est en revanche à l'aube d'une carrière étourdissante. Tout était déjà en germe...
Comme Djoko...
Alain Thiebot se souvient d'un "bon gamin". Il raconte une anecdote qui en dit long sur les efforts consentis. "Je me souviens qu'il était là avec son tonton. Il logeait à l'hôtel Mercure et pour venir à la salle Chantereyne où avaient lieu les matches, il courait. Son oncle partait en avance avec les raquettes et une fois sur le pont tournant, il demandait au chauffeur de s'arrêter pour vérifier avec une paire de jumelles s'il était bien en train de courir".
Simplement Rafael #Nadal au fil des années ✨ pic.twitter.com/6jYIlige6a
— INA.fr (@Inafr_officiel) October 10, 2024
Après les matches, Rafael Nadal se prêtait de bonne grâce aux séances de dédicaces, "mais il ne s'éternisait pas. Il n'était pas comme d'autres à traîner pour ragarder d'autres joueurs en mangeant des sucreries. Avant de partir, il vérifiait toujours que le court était réservé pour son entraînement du lendemain". Focalisé, déjà obsédé par le travail.
En trente ans, un seul autre joueur a laissé cette impression d'être à part, hors normes : "Djoko. Novak Djokovic. Ces joueurs là, on voit leur niveau tout de suite, même sans être spécialiste de tennis", assure Alain Thiebot. "Le retrait de Nadal, ça me fait quelque chose, mais on est content de l'avoir eu chez nous".