Une vidéo mise en ligne par l'association L 214 montre des bovins "laissés sans soin" et, pour certains mal en point. La préfecture de la Manche a diligenté une inspection : "les faits apparaissant dans les photographies et vidéos publiées par l’association n’ont pas été constatés le jour du contrôle officiel".
L'association de défense des animaux a choisi d'agir sur les consciences en ayant recours à des images choc. La vidéo qu'elle vient de publier ne déroge pas à cette règle. La caméra filme des vaches laitières dans une stabulation sombre. Certaines semblent ne plus même avoir la force de se tenir debout. D'autres pataugent dans le purin.
L 214 parle de vaches et de veaux "à l’agonie et laissés sans soin, des veaux attachés à des barrières ou à des piquets, (...) vivant dans leurs excréments et dans un environnement insalubre". Dans un communiqué, l'association affirme avoir porté plainte, ce que le parquet de Coutances nous a confirmé. Une enquête a été confiée à la gendarmerie.
Un éleveur qui tombe des nues
L'association de défense des animaux explique avoir été sollicitée par un lanceur d'alerte "qui a rapporté le cas de plusieurs animaux présentant des fractures et qui sont morts, après de vives souffrances, suite au manque de soins". Cet élevage laitier est situé près d'Avranches. Face à ces images qui ne peuvent que heurter, le président de la chambre d'agriculture de la Manche est resté sans voix. "Je n'ai pas d'information", justifie Pascal Ferey
Devant sa ferme, l'éleveur mis en cause est abasourdi. Hors micro et hors caméra, il nous assure être tombé des nues lorsque des inspecteurs de la Direction des services de protection des population lui ont appris l'existence de cette vidéo. "Un jour, j'ai eu trois bêtes mortes. J'ai appelé l'équarisseur qui est venu le lendemain. Le film a dû être fait ce jour-là." Le maire de cette commune n'est guère plus disert : "On n'a pas de problème particulier avec cette ferme et je n'ai jamais eu de réclamation".
"Le retrait des animaux n’est pas envisagé".
Confrontée à "de possibles faits de maltraitance animale", la préfecture de la Manche a diligenté "une inspection d’agents de la direction départementale de la protection des populations afin d'évaluer la situation dans l’élevage mis en cause." L'inspection menée le 15 mars semble plutôt rassurante : "Les faits apparaissant dans les photographies et vidéos publiées par l’association n’ont pas été constatés". La préfecture de la Manche ajoute que "le retrait des animaux n’est pas envisagé".
"L'idée, ce n'est pas de montrer du doigt un éleveur et de l'opposer aux autres, explique Léo Le Ster, le porte parole de L 214. L'idée, c'est de voir quelle est notre responsabilité collective et quelle est la responsabilité des services vétérinaires qui sont incapables de voir ce qui se passe dans les élevages. D'où l'importance des lanceurs d'alerte". L 214 a fait ses calculs. En croisant le nombre de contrôles effectués chaque année et celui du nombre d'exploitations, l'association l'assure : " un élevage serait, au mieux, contrôlé en moyenne une fois tous les 100 ans ! Combien d’élevages passent entre les mailles des filets ? " L 214, c'est le choc des images, mais l'association est aussi habile avec les mots;