Les engins de chantier ont entamé ce mardi la démolition des 70 maisons jamais achevées et laissées à l'abandon depuis plus de 20 ans dans cette commune du Cotentin.
C'était devenu le terrain de jeu des photographes, vidéastes et grapheurs. A 150 mètres de la plage, derrière les dunes, un véritable village fantôme, témoin du fiasco d'une opération immobilière. Environs 70 maisons qui auraient dû composer un complexe touristique. Et qui n'ont jamais été habitées.
Car ce projet ne fut jamais achevé en raison de la faillite de son promoteur au début des années 90, un promoteur visiblement peu au fait des règles de l'urbanisme, au regard des lacunes du permis de construire. "Tout ce qui était viabilisation n'avait pas été prévu. C'est à dire pas de réseau, pas d'eau, pas d'électricité et pas de route", expliquait Noëlle Leforestier, maire de Pirou, à l'une des équipes de France 3.
Madame le maire a décidé de tourner définitivement cette page de l'histoire de sa commune. Un appel d'offres a été lancé voilà quelques semaines pour raser le village fantôme. Deux entreprises ont été retenues, l'une pour détruire les pavillons, l'autre pour assurer le désamiantage de certaines maisons. Les engins de chantiers ont entamé leur travail ce mardi matin. L'objectif: libérer le terrain à la fin du premier trimestre 2017.
Car si cette opération est d'abord menée pour des raisons de sécurité, la municipalité ne compte pas laisser ces 7 hectares idéalement situés face à la mer inoccupés. "On veut un projet innovant, aussi bien sur un plan touristique qu'économique", expliquait en août dernier Noëlle Leforestier à une de nos équipes. Une perspective qui inquiète les écologistes.
Dans un communiqué publié ce lundi, à la veille du coup d'envoi de la destruction du village fantôme, EELV pointe les risques de sumersion marine. "Alors que déjà l'État et des collectivités locales investissent des budgets considérables à la protection contre la mer et que beaucoup de données montrent que l'avenir de nombreuses zones côtières est très largement compromis, comment expliquer que des nouveaux projets qui auront un impact pendant plusieurs décennies comme celui-ci peuvent être encore envisagés dans des zones à risques", indique la section manchoise du parti écologiste.