Santé, immobilier, écologie : quelles sont les polémiques locales moquées par les chars du Carnaval de Granville

Du 9 au 13 février 2024, le carnaval de Granville célèbre ses 150 ans. Comme le veut la tradition, les carnavaliers utilisent les défilés de chars pour interpeller sur les controverses locales, à coups d’humour et de satire. Focus sur les diverses polémiques locales brocardées lors de la grande cavalcade 2024.

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L'inquiétude autour de l'offre de soins dans le Sud Manche, le vieillissement de la population et ses conséquences sur l'immobilier, le projet de végétalisation de Granville ou celui d'un camping en bord de mer... Cette année encore, les carnavaliers fabricants de chars ont rivalisé d'imagination pour dénoncer de manière piquante certaines polémiques du territoire granvillais et des alentours. 

Le projet de parc résidentiel sur la plage de Saint-Pair-sur-Mer

Baptisé Camping dérive, le char réalisé par La rue Couraye entend dénoncer le projet Pozzo sur la plage de Saint-Pair-sur-Mer. En lieu et place de l'ancien camping municipal, le promoteur immobilier manchois prévoit d'installer une quarantaine de chalets légers, sur pilotis. 

Le projet de réhabilitation n'est pas sans rappeler celui réalisé au camping l’Édune de Jullouville, où 144 cottages ont remplacé le camping de la Chaussée, en juin dernier. Toutefois, le nouveau projet suscite l'incompréhension de certains élus et riverains car les logements seraient implantés en zone bleue, potentiellement submersible.

À l'heure où la montée des eaux amène de fortes inquiétudes sur l'érosion du trait de côte, le projet interroge évidemment. Les bénévoles de La rue Couraye ont aussi voulu dénoncer le fait qu'il y a de moins en moins de petits campings où planter sa tente ou installer sa caravane, à cause du déploiement des bungalows et mobile homes.  

L'accaparement des logements granvillais par les seniors

Venez à Granvissik Park, vous vous y sen'tyrex bien ! Le message des Grands gamins est clair : Granville est devenu une ville de résidence pour les dinosaures. Comprenez, pour les personnes très âgées. Avec la métaphore de Jurassic Park, qui fête ses 30 ans cette année, les carnavaliers ont souhaité pointer le vieillissement de la population du centre-ville et ses conséquences.

Un T-Rex et John Hammond, le propriétaire arrogant et orgueilleux du parc dans le film, sont représentés. Grimé en agent immobilier ou notaire, il ressemble aussi un peu à Jean-Pierre Doron, taulier du carnaval, que ce soit volontaire ou non. 

 

Troisième commune la plus peuplée du département, Granville ne cesse de perdre des habitants. Les jeunes couples sont bien souvent contraints de s'établir en périphérie, car les prix de l'immobilier dans la cité corsaire sont prohibitifs. À près de 3 500 € le m², s'offrir un logement dans la Monaco du nord est devenu un luxe.

Une offre de soins qui se dégrade à l'hôpital

Cette année, Les Satir'aie ont décidé de mettre l'accent sur la problématique de la désertification médicale. Dans le Sud Manche, elle se matérialise par les difficultés rencontrées par le groupement hospitalier du Mont Saint-Michel. Le char baptisé Centre inhospitalier dévoile les inquiétudes d'une population en manque de praticiens, préoccupée par la prise en charge de ses problèmes de santé.

Depuis avril dernier, la nouvelle loi Rist encadre la rémunération des médecins intérimaires. Elle a accentué le déficit d'attractivité du territoire. Les urgences des divers hôpitaux du secteur ont dû fermer à plusieurs reprises en 2023 et se réorganiser via la régulation téléphonique du Samu départemental.

REPORTAGE. La satire dans la Grande Cavalcade du Carnaval de Granville 2024

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La satire dans la grande cavalcade du Carnaval de Granville 2024 Reportage : K. Lepainteur / Z. Douche Montage : S. Ledey ©France Télévisions

 

L'aire de grand passage pour accueillir les gens du voyage

Au moment de trouver l'idée directrice de leur char et les slogans qui l'accompagnent, les Raisins cons tournables ont été particulièrement inspirés. Ils ont décidé d'évoquer la polémique de l'emplacement de l'aire de grand passage réservée aux gens du voyage, détournant les initiales GTM de "Granville, Terre et Mer" en "Gitans, Tzigans, Manouches".

La controverse sur ce projet a duré plusieurs années, si bien que le Conseil départemental a dû intervenir pour rappeler à l'intercommunalité son obligation légale de proposer un lieu d'accueil pour les nomades. Le choix du terrain d'implantation a cristallisé les tensions. Granville/Saint-Planchers ou Bréhal/Chanteloup ? Le vote s'est joué à une voix près, et l'endroit le plus éloigné de la cité corsaire a été choisi. Le char, lui, égratigne Philippe Sorre, président de la collectivité avec des formules telles que "la calotte de ses Sorre" ou encore "les gitans nous ont lancé un Sorre".

Le plan de végétalisation de Granville 2030

Baptisé Il forêt agir, le char des Bullots maillots est une satire du plan "2030 Granville", un vaste projet de requalification du centre-ville. La ligne directrice est de développer les mobilités douces, de redonner davantage d'espace aux piétons, en aménageant notamment des parkings souterrains ou en silo, et en créant une voie verte allant de la gare au port.

Le processus de réhabilitation comprend aussi une végétalisation de la ville, et la création d'un miroir d'eau. En outre, les Cours Jonville et Chartier doivent être réaménagés pour créer un quartier vivant et mixte, entre commerces, activités et logements. Par ricochet, les créateurs du char ont voulu mettre l'accent sur l'impératif écologique et la préservation de l'environnement. 

Le train n'ira plus jamais au port

Carnavaliers depuis quatre générations, les 13K ont choisi d'aborder la polémique ancienne de l'enlèvement des rails de chemin de fer qui menaient au port. Entre 2021 et 2022, 700 mètres de voies ferrées ont été arrachés de la chaussée pour aménager une voie douce.

De ce fait, le train ne pourra plus se rendre jusqu'aux bateaux. Dans les faits, ça fait bien longtemps que ce n'est plus le cas (1975), mais pour les Granvillais, les rails ont toujours fait partie du paysage. En 2021, une pétition avait rassemblé plus de 1 000 signataires pour empêcher l'arrachage des rails. Les opposants clamaient aussi le retour du fret ferroviaire sur le port de Granville. Quant au nom du char, Néva plus en ville, c'est un clin d'œil à Néva, le réseau de transports en commun de l'agglomération. 

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