La production de l'abattoir du Sud-Manche arrêtée brutalement pour graves manquements à la sécurité sanitaire

Depuis vendredi, il n'est plus autorisé à fonctionner. L'abattoir du Sud-Manche est fermé pour manquements graves en tous genres. Rien à voir avec le Covid-19. Ses 25 salariés, encore en activité, l'ont appris à leur dépens, sans préavis. L'outil est-il devenu trop vieux pour survivre?

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"Il y a un responsable de tout ça. Le gérant de l'abattoir n'a pas permis au personnel de respecter les normes sanitaires. Il aurait dû ne pas accepter ces animaux qui arrivaient de Cherbourg", Yves Sauvaget le responsable local de la Confédération Paysanne ne décolère pas quand il voit l'outil à l'arrêt et tout ce gâchis.

Pendant la crise du coronavirus, l'abattoir a continué à fonctionner, mais dans des conditions très limites. Selon lui, ils sont passés, avec les animaux venant de Cherbourg, de 15 tonnes à 25 tonnes de viande à stocker, avec moins de personnel en poste.

Dans l'abattoir il y a deux zones, la sale et la propre. Pour combler le manque de personnel, les gars sont allés de l'une à l'autre sans respecter le passage par les vestiaires, et les normes. Ils sont allés comme ça, selon les besoins, d'un bout à l'autre de la chaîne pour gagner du temps.  (Yves Sauvaget, Confédération Paysanne) 

 

Une visite d'inspection des services préfectoraux chargés des normes sanitaires, le service départemental de la protection des populations, a eu lieu au cours de la semaine dernière. En 48 heures, la décision était sans appel.

Depuis vendredi 5 juin 2020, le dernier abattoir du Sud-Manche, celui de Saint-Hilaire du Harcouët, est à l'arrêt. Les 29 personnes qui y travaillent n'ont pas pu accéder à leur poste, l'abattoir est fermé.

La cause ? fermeture pour "raison administrative" annonce une pancarte fait-main, scotchée à l'entrée du bâtiment. Les salariés ont été appelés un par un, pour être averti que ça n'était pas la peine de rejoindre leur poste. Certains dès le 5 juin, d'autres l'ont appris ce lundi 8 juin en arrivant au travail.

 

Jusqu'à la remise à niveau des outils

Nos confrères de La Gazette, se sont procurés le courrier à en-tête de la préfecture et signé du directeur départemental de la protection des populations qui fait état de "graves manquements au titre de la sécurité sanitaire des aliments et de la protection animale" 

Le journal et son relais actu.fr relève "l'absence de maîtrise des températures : surcharge des chambres froides, une chambre froide qui ne fonctionne plus, des carcasses mal accrochées. Une mauvaise pratique d’hygiène et absence de maîtrise des process : non respect du principe des zones propres et sales, manque de personnel, manquement dans le matériel et les équipements des personnels et un manquement aux règles de la protection animale : panne du système d’étourdissement des ovins, surcharge du parc des porcs."

Trop d'animaux abattus, avec des frigos qui ne peuvent assurer la température de conservation, ça ne pouvait pas durer. 

Beaucoup de temps de perdu ?

Qui va réparer cela ? Alors que les abattoirs de Saint-Hilaire du Hacouët traversaient déjà une passe difficile, la communauté d'agglomération Mont-Saint-Michel-Normandie et propriétaire des lieux devait investir dans l'outil. 

La crise du coronavirus, les retards dans les prises de décisions, les élections municpales non achevées ( le président, maire d'Avranches, David Nicolas n'a pas été réélu au premier tour), etc... tout a joué en la défaveur du dossier.

Il faut rappeler qu'en mars dernier, la liquidation judiciaire a été prononcée après une année très difficile. L'an dernier à la même époque, les difficultées étaient publiques : "perte d’un gros client en 2015, baisse d’une consommation de viande, chute du cours du cuir et charges en hausse... L’abattoir public de Saint-Hilaire-du-Harcouët, dans La Manche est en difficulté financière. L'établissement, géré en délégation, perd de l'argent depuis plusieurs années."
 

 

Jeudi prochain : décision fatale, ou pas

Jeudi 11 Juin, le tribunal de commerce doit se prononcer sur la poursuite ou non de l'activité. En attendant, les 29  salariés sont dans l'impasse et les éleveurs ne savent plus comment faire. La viande, qui est valorisée en circuit-court fait un drôle de parcours dans notre région : l'abattoir qui les reçoit se trouve dans les Deux-Sèvres, à trois heures de route. 

Jusqu'à maintenant, les élus ont toujours assuré vouloir maintenir l'outil, indispensable à toute la filière. Les éleveurs seront très vite fixés. 

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