Plusieurs organisations patronales du transport routier ont salué favorablement l'aide de 400 millions d'euros qui va être versée au secteur pour pallier la hausse du prix du carburant. Des TPE et PME de la Manche ne sont pas de cet avis et maintiennent la journée d'action initialement prévue le 21 mars.
Vendredi dernier, le gouvernement annonçait une enveloppe de 400 millions d'euros pour secteur du transport routier, une enveloppe s'ajoutant au plan de résilience dévoilé la veille par le Premier ministre et destinée à pallier la flambée du prix du carburant. Plusieurs organisations patronales, comme l'Organisation des Transporteurs Routiers Européens (OTRE) ou la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) accueillaient favorablement cette mesure et suspendaient la journée d'action initialement prévue ce lundi 21 mars.
Mais sur le terrain, au sein notamment des petits acteurs du transport routier, l'annonce gouvernementale fait grincer des dents. "Les syndicats ont approuvé à la hâte un accord qui est complètement irrecevable à nos yeux, c'est un petit pansement", dénonce Romain Leguelinel, patron d'une entreprise à Saint-Amand-Villages. C'est dans cette commune de la Manche que se sont réunis ce samedi une cinquantaine de chefs d'entreprise du transport routier, "tous issus des TPE et PME", pour organiser une journée d'action ce lundi 21 mars.
"Tout le monde se serre la ceinture sauf l'Etat"
"Un camion, aujourd'hui, nous coûte 2000 euros de plus par mois en termes de coût d'exploitation. L'aide versée par le gouvernement sera de 1300 euros par camion, versée une seule fois." Pour Romain Leguelinel et ses confrères, le compte n'y est pas. Certes, depuis la loi du 5 janvier 2006, les transporteurs routiers peuvent répercuter la hausse du prix des carburants sur la facture de leurs clients via les pieds de facture. "Les clients peuvent accepter un pied de facture de 5% mais quand c'est trois fois ce pourcentage, ils refusent. Si on tente de faire appliquer pleinement cette loi, on risque de perdre des marchés", affirme le chef d'entreprise manchois. "Aujourd'hui, on est tous en train de se serrer la ceinture, nous comme nos clients. Il n'y en a qu'un qui ne fait pas d'effort : c'est l'Etat avec 70% de taxe." Et de réclamer "une TICPE flottante", la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques dont une partie est remboursée aux entreprises de transport routier et qui devrait, selon eux, davantage s'ajuster aux variations du prix du carburant.
Ce lundi, ces entreprises de la Manche (avec le soutien de quelques confrères du Calvados et de l'Orne) seront sur le terrain pour faire entendre leurs voix et ce à partir de 5 heures du matin. Selon les organisateurs, ces actions ont fait l'objet d'une demande en préfecture. Celle-ci a refusé des manifestations à Carentan et Avranches. En revanche, des camions seront bien présents à Guilberville, sur le rond-point menant à Saint-Lô au-dessus de l'A84 et sur la route de Bayeux à Saint-Lô (la D972). Seuls les transports de marchandises devraient être bloqués. Une trentaine de camions son attendus sur chaque point de blocage.