Anais et Mathilde, 14 ans, ont décidé, chaque semaine devant les camarades de leur collège, de raconter le harcèlement dont elles ont été victimes. Une initiative courageuse, pour réduire à leur niveau ce type de comportement à l’avenir.
Chaque lundi depuis le mois d’octobre, des classes de la 6ème à la 3ème, sont invitées à venir écouter l’exposé d’Anais et Mathilde sur le harcèlement. Dans le self du collège interparoissial de Saint Lô, un rétroprojecteur affiche le sommaire : définition du harcèlement, les différents types de harcèlement, nos témoignages. Ce dernier chapitre est le plus marquant, l’une après l’autre, elles racontent leur calvaire dans les moindres détails.
« c’est une vraie torture »
Pour Mathide, le cauchemar s’est passé quand elle était en 6ème et en 5ème. Pendant deux ans, son quotidien ce sont des insultes très violentes « on me disait que j’étais moche tout l’temps, que j’étais une pute, une salope (…) que si je mourrais ça ferait des vacances à tout le monde (...) c’était vraiment tous les jours et j’arrivais le matin avec une boule au ventre que vous ne pouvez pas imaginer, c’est une vraie torture ».Chez elle, Mathilde cache tout à sa mère et commence à se mutiler en cachette, jusqu’à une tentative de suicide. C’est le changement d’établissement qui lui permettra de s’en sortir et de remonter la pente tout doucement. Mais elle reste aujourd’hui encore traumatisée par ce qu’elle a pu entendre.
« le soir je revenais avec des coquards »
Anais raconte à son tour. Depuis le primaire, elle souffrait de harcèlement et son entrée au collège n’y a rien changé. Elle aussi a subi des insultes mais aussi des coups. « Tout le collège m’agressait (…) on me mettait à part pour me frapper. Le soir des fois je revenais avec des coquards et des bleus sur le corps ». A force d’entendre qu’elle est grosse, Anais cesse de s’alimenter et devient anorexique. En 6 ème elle ne pèse plus que 25 kilos et sombre comme Mathilde dans la dépression. C’est aussi en changeant de collège que son calvaire s’arrête.Toutes les deux se retrouvent alors dans la même classe, en échangeant elles comprennent qu’elles ont un peu le même vécu. Elles décident alors de faire quelque chose pour lutter contre le harcèlement. Accompagnées de leur professeure principale, elles préparent leur présentation, 30 minutes d’explications et de témoignages qui incitent à chaque fois les élèves à participer. L’objectif est de mieux faire connaitre les dégâts que peuvent engendrer ces conduites violentes répétitives mais aussi de libérer la parole.
Car Anais et Mathilde ont retenu une chose : c’est en parlant que l’on peut se sortir de cet enfer, en demandant de l’aide.