Une association manchoise lève le tabou sur l’incontinence urinaire. Son président occupe le terrain pour parler de ce handicap aux multiples causes. Eric Françoise veut aider les hommes et les femmes qui en souffrent à trouver des solutions pour vivre comme tout le monde.
Il tiendra un stand ce 9 décembre au forum Libécare organisé au Moho à Caen. Eric Françoise a créé l’association « parlons pipi sans tabou » en septembre 2019 pour "lever le tabou, vulgariser tous les types d’incontinence et partager mon expérience".
Son parcours est celui d’un combattant contre une malformation congénitale qui lui a valu des dizaines d’interventions depuis sa naissance. Eric Françoise est incontinent depuis toujours et suivi depuis de nombreuses années à la Pitié Salpêtrière à Paris. "J’ai hérité de deux surnoms : le cobaye de l’urologie et le vétéran de l’urologie. Après toutes ces interventions et ces discussions avec les spécialistes, j’en connais autant qu’un urologue sur le sujet de l’incontinence !".
Le tabou du pipi plus fort chez les hommes
A 62 ans, retraité depuis deux mois, Eric Françoise veut donner un coup d’accélérateur à son association. En trois ans d’existence, "parlons pipi sans tabou" basée chez lui à Quettehou (Manche) a aidé 21 personnes incontinentes. Dix d’entre elles sont redevenues continentes. "On parle du fait de devenir incontinent après un cancer, un accouchement, un accident, mais on ne parle jamais du chemin inverse, du fait que des personnes peut retrouver la continence !"
Eric Françoise déplore l’isolement des personnes incontinentes. "C’est encore plus tabou chez les hommes que chez les femmes". Son association a d’ailleurs aidé 15 femmes et 6 hommes, alors que la proportion d’incontinence chez les adultes français est de "10% pour les hommes et 15% pour les femmes", selon Eric Françoise.
Une aide financière et des solutions à l’incontinence
L’association propose deux permanences par mois à Quettehou, les 1er et derniers lundis matins de chaque mois. Mais son Président Eric Françoise donne aussi des conseils et aide des personnes à distance. "La première aide que nous pouvons leur donner, c’est une aide financière pour acheter des couches. Car le budget mensuel s’élève à 150-200€ par mois, et rien n’est pris en charge par la Sécurité Sociale. Nous proposons donc une aide temporaire pouvant aller jusqu’à 80% du montant." Le président de "parlons pipi sans tabou" insiste bien sur le côté temporaire de l’aide : l’objectif est d’aider ces hommes et ces femmes à trouver une solution, en fonction de la pathologie qui les a rendu incontinents. "Il existe un panel de solutions : des bandelettes, des sphincters artificiels, etc..."
Une fois le tabou levé, l’autre frein selon Eric Françoise c’est la peur de l’intervention. "Pourtant, 1500 sphincters artificiels sont posés par an en France. Aujourd’hui c’est une intervention facile, en ambulatoire, vous entrez le matin à l’hôpital vous ressortez le soir."
Des tutos en vidéo
Lever le tabou, libérer de la peur de l’intervention, l’autre objectif du jeune retraité dynamique est de montrer qu’on peut être incontinent et vivre comme tout le monde. Il poste des vidéos pour en témoigner sur la page Facebook de l’association, comme celle d’une partie de pêche le 5 octobre dernier, où on le voit procéder à un auto-sondage sur un bateau : "preuve, que malgré le handicap il ne faut rien s’interdire et que d’énormes solutions existent pour guérir d'une incontinence urinaire, qu’elle soit bénigne, maligne, sévère ou rebelle."
Un salon « santé sans tabou » en mars à Cherbourg
Pour donner un coup d’accélérateur à son association et à son combat, Eric Françoise s’est lancé dans l’organisation d’un évènement à la Cité de la mer à Cherbourg les 17 et 18 mars 2023.
Parrainé par le professeur Emmanuel Chartier Kastler, urologue à la Pitié Salpetrière (le spécialiste qui suit Eric Françoise depuis des années), ce salon sera bien sur centré sur l’incontinence, mais elle sera abordée au travers de thématiques plus larges et qui concernent le plus grand nombre : hypertension artérielle, tabagisme et sevrage, nutrition et obésité, chirurgie et robotique, cancer du sein, cancer de la prostate,… Avec pour objectif de lever des tabous (encore nombreux) sur la santé.