C'est un adepte du funambulisme en "free solo", sans corde de sécurité, une discipline à très haut-risque. Quel plaisir prend-il à danser avec la mort ?
La sangle ne fait que deux centimètres et demi de large, la taille de deux orteils. Pieds nus, les bras en balancier, Allan Cahorel avance lentement au-dessus du vide. L'exercice est déjà périlleux, mais ce qui lui plaît le plus c'est de détacher sa "ligne de vie", la corde de sécurité (de couleurs bleue) qui le retient, en cas de chute.
Ce jour-là, il danse avec la mort, sur sa ligne tendue entre deux rochers à-pic, à vingt mètres du sol. "J'ai toujours été un amoureux de l'adrénaline, avoue le jeune homme âgé d'une vingtaine d'années. Quand on détache la corde de sécurité, c'est assez costaud. A chaque fois, c'est un shoot d'adrénaline".
Ce funambulisme extrême a un nom : la "slackline" ou "highline". On se souvient du Français Nathan Paulin, battant le record du monde de distance au Mont St-Michel, en août 2022. Dans sa forme "free solo" (sans sécurité), impossible d'effectuer de telles traversées.
La corde élastique oscille beaucoup et ce serait trop dangereux. Il a parcouru dix mètres au-dessus du vide. L'objectif d'une vie, dit-il, ce serait de réaliser une performance trois fois plus longue, d'une trentaine de mètres."
Une fois seulement, il est tombé. "Je me suis déconcentré et j'ai perdu l'équilibre. Heureusement, je me suis rattrapé à la sangle avec les mains et je suis remonté, pour finir ma traversée." La peur ? Elle est toujours présente. "Se détacher, c'est contre-nature. C'est une lutte contre soi-même. Mais quand on est détaché, on se sent bien. La peur est toujours là, mais l'instinct de survie est le plus fort".
Pour expliquer sa prise de risques, il met en avant son entraînement : "J'ai parcouru des centaines de kilomètres, sur ma sangle. J'ai commencé à cinq centimètres du sol, puis j'ai augmenté la hauteur, peu à peu".
Athlète complet, le "slackliner" est aussi passionné de "parkour", une discipline qui consiste à réaliser des sauts et des figures sur le mobilier urbain ou les toits des immeubles.
"Je n'ai plus envie de mettre en danger"
À ce jour, en 2024, il ne pratique plus la slackline en "free solo", sans sécurité, c'est-à-dire détaché, sans ligne de vie. Contacté par France 3 Normandie, il a expliqué qu'il n'effectuait plus ce genre de traversées et ne souhaitait plus y être associé.
"J'ai effectué quelques traversées en "free solo", il y a un an et demi. Aujourd'hui, cela ne m'intéresse plus, j'ai arrêté et j'ai préféré m'orienter dans une pratique plus sécurisée et professionnelle. Je n'ai plus envie de me mettre en danger et je n'avais pas envie non plus d'influencer les jeunes dans cette pratique".