C'était un événement dans le monde de l'art : un manuscrit rarissime du Mont-Saint-Michel datant de la fin du 12ème siècle devait être proposé aux enchères le 5 mai à Alençon. Problème: l'état souhaite récupérer ce document exceptionnel qu'il considère comme son bien.
C'est un particuliers qui un jour, est venu apporter cet objet à l'étude de Me Biget à Alençon. "Il le tenait de son père qui le tenait lui-même de son père", explique le commissaire-priseur. "Une pépite transmise de génération en génération".
La pépite est un manuscrit sur peau de velin datant du 12ème siècle. Il a été rédigé en latin par plusieurs mains entre la première moitié du 12ème siècle jusqu'au 13ème siècle. Il s'agit en fait d'un manuscrit d'une quarantaine de pages rassemblant quatre manuscrits différents : un traité de musique grégorienne, deux poèmes satirico-religieux dont un de l'Evêque Saint Aubert, et un traité de géographie.
Le manuscrit a été référencé en 1795 dans le catalogue de la bibliothèque de l'Abbaye mais ensuite, n'a été mentionné dans aucun inventaire.
Cet objet rarissime devait être proposé à la vente le samedi 5 mai à la salle des ventes d'Alençon. Sa mise au prix était de 50 000 euros. Des acheteurs du monde entier étaient attendus.
Le ministère des affaires culturelles en a décidé autrement en interdisant purement et simplement la vente. Fait-il réellement parti du domaine public de l'état sachant que les avis divergent sur la présence de l'œuvre au mont saint Michel au moment de la révolution? Reste à savoir si le ministère des affaires culturelles peut se prévaloir de la loi de 1789 pour saisir ce type d'ouvrage. Généralement l'état avait l'habitude d'acheter l'œuvre en la préemptant au moment de la vente.
Reportage Nicolas Corbard et Damien Migniau
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