300 personnes se sont rassemblées, hier soir, rue Cazault à Alençon, devant le domicile de Lara Tavares, pour honorer la mémoire de cette jeune fille tombée sous les coups de son ex-compagnon.
Dans le calme et le silence, ils se sont rassemblés hier soir, rue Cazault, devant le domicile de Laura Tavares, cette jeune fille assassinée sauvagement jeudi dernier à coups de couteau et de marteau par son ex-compagnon. Laura, 21 ans, était apprentie coiffeuse au CFA d’Alençon ; ses camarades de classe étaient là, une fleur à la main, submergés par l’émotion.
Au fil des minutes, la foule s'est densifiée et a envahi la rue. Des jeunes, quelques personnalités politiques, des anonymes encore traumatisés par ce triste fait divers.
On est venu rendre hommage à Laura, on est tous touchés par les féminicides. C’est une jeune fille qui était Alençonnaise, qui était dans nos âges, en pleine évolution. Elle avait toute la vie devant elle, elle a été assassinée brutalement, c’est horrible et c’est pour ça qu’on est là aujourd’hui.
Jeanne17 ans
Dans la foule, Valérie, une mère de famille, ajoute : "Je suis maman d’un garçon, moi, j'éduque mon fils dans le respect des femmes. À notre époque, j’ai du mal à comprendre que ce genre de choses puisse arriver. Quand une femme dit non, c'est non. Tuer quelqu’un, ce n'est pas de l’amour !"
"Une fois de plus, elle a déposé plainte, mais ça n’aboutit jamais !"
S’exprimer, témoigner pour que les femmes ne soient plus victimes de violence masculine.
En 2020, 163 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints. Lors de ce rassemblement, plusieurs femmes ont relaté leur calvaire, mais aussi des mères de famille comme Claire, inquiète pour sa fille battue régulièrement par son ex-compagnon.
Elle raconte : "Il arrive toujours à la retrouver. Le 24 décembre, quand elle est rentrée chez elle, il était là, il l’a frappé et quand elle s’est mise à pleurer, il l’a filmé en lui disant : je vais te faire passer pour folle. Le 26, ça a recommencé, résultat deux côtes cassées et 15 jours d’arrêt. Une fois de plus, elle a déposé plainte, mais ça n’aboutit jamais et pendant ce temps-là, il se balade dans la nature."
Non, je ne suis pas ta propriété !
Organisé par l’association Le Droit des Femmes, ce rassemblement avait aussi pour but de rappeler tout le travail qu’il reste à accomplir au niveau de l’accompagnement et de protection des victimes de violences conjugales. Encore aujourd’hui, beaucoup trop de femmes ne voient pas leurs plaintes aboutir, sont obligées de quitter leur domicile et sont parfois éloignées de leurs enfants.
Malheureusement la domination des hommes sur les femmes continue de se perpétuer et il faudrait dès l’enfance reprendre tout ça. Que les garçons ne soient pas dans leurs certitudes et qu’ils respectent plus la parole de l’autre et notamment la notion de consentement avec cette idée : non je ne suis pas ta propriété !
Agnès MontierBénévole à l'association Le Droit des Femmes
En 2021, Laura Tavares est déjà la deuxième victime en France de féminicide. En sa mémoire, une marche blanche est organisée, dimanche prochain à 14 H, au parc des promenades d’Alençon.