Depuis le 1er janvier, les premiers espaces France Services sont inaugurés partout en France. La réponse du gouvernement au mouvement des Gilets-jaunes et au manque de service public dans les campagnes. En Normandie, 43 espaces sont ouverts. Bonne ou mauvaise idée ?
Amélie est venue chercher des documents administratifs et entamer des démarches pour changer de carte-grise. Dans le quartier populaire de Perseigne, à Alençon dans l’Orne, cet espace France Services est, selon elle, le bienvenu :
C’est très pratique. Dans ce quartier, il y a beaucoup de gens qui en ont besoin
Ici, les deux agents d’accueil sont chargés d’aider les usagers principalement dans les démarches que chacun doit faire sur internet : impôts, assurance santé, caisse des retraites… Plusieurs fois par semaine, des permanences d’associations, de collectivités ou d’administrations sont aussi assurées.
Les agents d’accueil ont reçu une formation initiale de 6 jours pour apprendre à bien recevoir les usagers, à identifier leurs problèmes et à se familiariser avec les différentes administrations, comme l’indique Olivier Blitz, le sous-préfet de Mortagne-au-Perche, en charge de ce dossier dans le département de l’Orne :
L’idée est que la personne qui se présente puisse repartir avec une réponse dans les meilleurs délais et ne soit pas baladée d’une administration à une autre. Les agents sont formés pour apporter une réponse immédiate dans 80% des cas et lorsque la question est plus complexe il s’agit d’aller vers les opérateurs pour trouver une réponse.
Une réponse à la crise des Gilets-jaunes
L’idée des Espaces France Services (anciennement les « Maisons France Service », rebaptisées car l’acronyme MFS est un peu malheureux quand on le prononce à voix haute) est né du Grand-Débat voulu par le président de la république, Emmanuel Macron.
Pour le maire (LREM) d’Alençon, Emmanuel Darcissac, c’est un engagement de l’Etat vers plus de services publics :
Lors du Grand Débat la question de la proximité des services publics a été mise en évidence, aujourd’hui l’ouverture de cet espace constitue une réponse à ce besoin de proximité. C’est davantage de services rendus aux habitants
L’aide financière de l’Etat a augmenté de 12 000 euros par structure pour atteindre ainsi les 30 000 euros, et la mairie d’Alençon est responsable de la gestion de cet espace.
Une vraie solution ou de la poudre aux yeux ?
Cet espace existe en réalité dans le quartier de Perseigne depuis 2011. Jusqu’ici, il était appelé Maison de services au public. Le gouvernement a annoncé le 15 novembre dernier par la voix d’Edouard Philippe l’inauguration en France de 460 espaces France Services au 1er janvier 2020, dont 43 en Normandie (13 dans le Calvados, 3 dans l’Orne, 8 dans la Manche, 7 dans l’Eure et 12 en Seine-Maritime).
En somme, il s’agit d’une annonce purement politique. Seul, le nom a changé. Reste à savoir si d’autres structures – nouvelles cette fois – sortiront bientôt de terre pour répondre aux attentes des usagers, notamment dans les territoires ruraux.
Toujours est-il que les syndicats de la fonction publique dénoncent le manque de formation des agents d’accueil. Pour Marie-Christine Quentin, agent des impôts dans l’Orne et porte-parole de l’intersyndicale des finances publiques, c’est de la poudre aux yeux :
Nous ne sommes pas contre l’ouverture d’un établissement France Services. Nous sommes favorables à des points de contact entre les usagers et les administrations dans les quartiers. Mais ce qu’il faut voir c’est, qu’en parallèle, les services publics dédiés réduisent leurs horaires d’ouverture au public, réduisent leur personnel et ne sont disponibles que sur rendez-vous. Répondre à des questions sur les impôts, par exemple, c’est compliqué, cela nécessite d’être bien formé. Je ne suis pas sûre qu’au final ce soit une bonne chose pour l’usager
Reste à voir si France Services va pouvoir répondre aux besoins réels d'un public en quête de plus de proximité. L’avenir le dira.