C'est une bizarrerie : sept clubs normands engagés dans le championnat de France de National 3 se retrouvent dans la même poule que trois équipes corses. L'île de beauté n'est pas dénuée de charmes, mais personne n'avait prévu le budget pour financer ces lointains déplacements.
En général, les calendriers que publie la Fédération française de football au coeur de l'été ne réservent guère de surprises. Le championnat de France de National 3 obéit à un découpage régional. Les Normands font généralement poule commune avec des clubs de la région parisienne et des Hauts-de-France. D'autres vont jouer en Bretagne ou dans les Pays de la Loire.
Cette année, surprise ! "On a vu qu'on était avec le FC Borgo, et les équipes réserves d'Ajaccio et de Bastia. C'était la surprise totale", raconte Nicolas Bansard, le président de l'US Alençon. La poule D réunit en effet sept clubs normands, quatre de la banlieue parisienne et les trois équipes corses.
14 000 euros par déplacement...
En ouverture du championnat, le samedi 24 août, l'US Alençon recevra l'équipe B du Sporting-club de Bastia. L'affiche a de l'allure. "D'un côté, c'est vrai que nous sommes contents pour nos supporters qui vont voir des réserves professionnelles de clubs très connus comme Bastia et Ajaccio, reconnaît le président alençonnais. Mais aller là-bas, c'est une organisation et un coût, et nous n'étions pas prêts".
Si l'équipe réserve du Stade Maherbe Caen peut s'appuyer sur une structure professionnelle, les autres clubs normands de la poule D (l'US Alençon, l'AG Caen, les PTT de Caen, le CMS Oissel, le FC Grand Quevilly et le Sport Union Dives-Cabourg) sont des clubs amateurs avec des budgets serrés.
"Nous sommes tous des amateurs..."
"Nous avons fait nos calculs. Chaque déplacement coûtera environ 14 000 euros, explique Nicolas Bansard. Il faut un car pour se rendre à l'aéroport. Il y a l'avion. Il faut encore trouver un transporteur sur place et payer l'hôtel, le restaurant... " La Fédération française de football verse une aide forfaitaire aux équipes corses qui viennent jouer sur le continent et aux équipes continentales qui se déplacent sur l'île. "Nous allons toucher 7000 euros par déplacement. Le reste, il faudra aller le chercher".
Ces déplacements lointains posent aussi d'autres problèmes d'organisation. "Nous sommes des amateurs, rappelle le président de l'US Alençon. Les joueurs travaillent tous jusqu'au vendredi soir. Cela suppose de partir très tôt le samedi matin pour arriver en Corse à la mi-journée. Si on joue à 18h comme souvent, cela va encore. Mais après le match, il n'y a plus d'avion. Il faut repartir le dimanche. C'est un très long déplacement". Les trois clubs corses feront le voyage dans l'autre sens à sept reprises...
Le hasard du calendrier a bien voulu laisser un peu de temps à l'US Alençon pour s'organiser. Le premier déplacement en Corse est prévu le 10 novembre, à Ajaccio. "Nous n'avons pas de salariés pour gérer tout ça. Je vais donc devoir m'en occuper avec les bénévoles du club", déplore le président. Au mois de novembre en Normandie, l'automne est déjà bien avancé. Les Alençonnais peuvent au moins espérer qu'il fera encore doux sur l'île de beauté.