À La Perrière (Orne), le musée du filet brodé et perlé a ouvert ses portes. Il met en avant l'histoire de cette ville aux 200 filetières et nous emmène sur les traces de ces femmes de l'ombre, longtemps oubliées.

Dans les allées, les visiteurs peuvent contempler le travail des filetières et brodeuses. De belles confections raffinées. Les œuvres de ces femmes du Perche font partie de l'histoire locale et ont désormais un lieu de mémoire qui met en valeur leur artisanat : le Musée du filet brodé et perlé à La Perrière (Orne)

170 ans de savoir-faire

Un lieu joli et vivant qui met en avant une réalité sociale que beaucoup préféraient oublier. L'histoire de femmes qui vivaient dans des villages ou petites villes et qui pour gagner durement leur vie confectionnaient des vêtements des années folles ou encore des cabas dont les Parisiennes étaient folles : "C'est magnifique, ce musée met bien en valeur les productions de ces femmes", nous dit Martine, une curieuse.

C’est au filet que La Perrière doit sa réputation. Plus de 200 filetières travaillaient à leur domicile, entre 1850 et 1950, pour fabriquer le filet, tant brodé que perlé. "Il y avait des perles de nacres, des perles de verres, de différentes couleurs. Et chaque perle était enfilée une par une. Ces femmes avaient beaucoup de patience", raconte Julien Duprée, responsable du musée. "Elles maîtrisaient cet art pour créer des tuniques, des cols, des gants, des bonnets uniques". Un savoir-faire hérité du Moyen-Age qui était transmis de mère en fille.

Une histoire de femmes pauvres

Le filet est une histoire de femmes pauvres. Un travail précaire, une main-d’œuvre bon marché. Les gantières et filetières étaient, en effet, moins bien payées que dans l'agriculture : "Celles qui travaillaient le mieux pouvaient gagner l'équivalent de six œufs par jour", explique Julien Duprée.

Les "patrons" leur donnaient les modèles et aussi les matières premières comme la soie, le coton, le chanvre, la laine, le fil. Les femmes travaillaient à la lumière du jour sur le pas de leur porte et leurs propres outils. Souvent, elles se mettaient par groupes pour ne pas être seule pour ces 10 à 12 heures de filages par jour.

Ces femmes filietières travaillaient pour les trois grandes maisons Husset, Reine et Vallée de La Perrière. Situé près de Paris, le Perche représentait une grosse zone de production.

Les brodeuses, elles, gagnaient un peu mieux leur vie. Des ouvrières spécialisées qui travaillaient dans l’atelier du fabricant ou chez elles.

Avec l'industrialisation, ces métiers disparaissent

Au XIXe siècle, l’industrialisation progresse et arrive dans les villages et villes du Perche. Les patrons se lancent dans l'achat de machines dès 1926. "Les fileteuses ne font pas le poids face à l'innovation. Quand elles produisent une maille, il faut savoir que les machines en produisent 500", explique Julien Duprée. Le métier se met à disparaître. Petit à petit l’industrie va voir raison d'elles.

Mais La Perrière ne veut pas oublier. C’est cette histoire si particulière et originale que le Musée du Filet brodé et perlé cherche à raconter et faire découvrir au plus grand nombre. À travers une riche collection d’outils et de pièces textiles issue le plus souvent des anciennes maisons de filet, le visiteur sera invité à plonger dans le quotidien des filetières et pourra admirer les différentes techniques utilisées.

N'hésitez pas à consulter le site internet du Musée du filet perlé et brodé à La Perrière pour les tarifs et les dates d'ouvertures.

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