"Je me dis que c'est foutu pour mon pays" : un Franco-Libanais raconte sa douleur et ses peurs

Henri. F, est un Franco-Libanais qui a quitté le Liban il y a quatre ans. Le jeune homme s'était installé à Flers, dans l'Orne, pour ses études. Aujourd'hui, il est meurtri par les bombardements d'Israël dans le sud de son pays natal. Il est inquiet pour sa famille qui vit sur place et se confie à France 3 Normandie.

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"J'ai de la peine, je me dis que c'est foutu pour mon pays... Si un jour, j'ai des enfants, je me dis qu'ils ne verront jamais le Liban que j'ai connu", nous confie Henri F., la voix pleine d'émotion. Le jeune homme est Libanais. Il y a quatre ans, il a quitté le Liban et s'est installé à Flers, dans l'Orne, pour faire des études d'ingénieur informatique et sauver son avenir.

"Les civils meurent au milieu"

À l'époque, il fait ce choix, car sa famille est prise à la gorge par la crise économique. Mais quand il voit, aujourd'hui, les frappes intenses d'Israël détruire le sud de ce pays où il a grandi, Henri est inquiet pour ses proches. Le jeune homme de 26 ans nous avoue :

J'ai toute ma famille qui vit là-bas. Mes grands-parents, mes parents, ma sœur, mes cousins. J'ai toujours peur d'apprendre une mauvaise nouvelle. Je suis déchiré, j'ai peur pour mes proches.

Henri F.

Un Franco-libanais qui a quitté le Liban

Tous vivent à Tripoli, dans la partie nord du pays, épargnée par les bombardements pour le moment : "Ils me racontent que de nombreux civils qui vivent dans le sud du Liban migrent vers le nord. Des écoles ont été transformées pour pouvoir accueillir ces personnes. Ma famille est stressée par les événements. C'est une guerre entre Israël et le Hezbollah et les civils meurent au milieu."

Au bord d'une guerre totale

Près de 600 morts ont été recensés depuis le mardi 24 septembre. L'État hébreu continue ce jeudi de cibler le Hezbollah au Liban. Ce mouvement influent dans le pays soutien le Hamas. Alors près d'un an après l'attaque du 7 octobre 2023 perpétrée par le Hamas, ces attaques inquiètent et font craindre un embrasement de la région, près d'un an après "Nous sommes au bord d'une guerre totale", s'est alarmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, depuis New York, où se tient l'Assemblée générale de l'ONU.

Tout commence par une attaque majeure et sans précédent, le mardi 17 septembre. À 15h30, de façon presque simultanée, des bipeurs, portés par des membres du Hezbollah, explosent dans tout le Liban. Des régions où est implanté le mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran sont visées. Le lendemain, ce sont des talkies-walkies qui explosent alors que se déroulent les obsèques de quatre membres du Hezbollah tués la veille. Au total, le bilan des attaques de ces deux jours est très lourd, selon le ministère de la Santé libanais : au moins 37 morts, dont deux enfants et des civils, et environ 3 000 blessés.

Un "coup sévère" pour le Hezbollah

Les cibles des explosions sont en majorité des hommes membres du Hezbollah qui portaient ces  bipeurs ou les talkies-walkies. Des chefs militaires étaient plus particulièrement visés. En réaction à ces attaques, le chef du Hezbollah a pris la parole jeudi 19 septembre. Hassan Nasrallah a reconnu que "un coup sévère et sans précédent dans l'histoire du Liban". Il a aussi promis à Israël "un terrible châtiment". Le lendemain, le vendredi 20 septembre, Israël a porté un nouveau coup au Hezbollah. Un immeuble de la banlieue sud de Beyrouth, connu pour être un fief du mouvement, est bombardé. Un leader du mouvement est tué : "Israël prévient qu'ils vont bombarder pour que les gens fuient, mais à chaque fois d'autres endroits sont visés et des civils sont tués et blessés", explique le jeune ingénieur.

Dans le sud du Liban, les tirs ont gagné en intensité depuis une semaine. En réaction, dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 septembre, le mouvement libanais a ainsi tiré "environ 150 roquettes, missiles de croisière et drones" vers le nord d'Israël, "sans faire de dégâts significatifs", d'après l'armée israélienne.

"Les Libanais ont changé d'avis sur le Hezbollah"

Une escalade qui n'en finit plus : 

Vous savez, la plupart des Libanais ont changé d'avis sur le Hezbollah, moi le premier. Il y a cinq ans, on disait tous que c'est grâce à eux que nous pouvions continuer à parler libanais. Mais aujourd'hui, on se rend compte qu'ils n'ont jamais rien fait pour nous. Ils sont en guerre, mais nous, le peuple, on n’a rien demandé. On veut juste vivre tranquillement et ne pas perdre nos proches.

Henri F.

Un Franco-libanais qui a quitté le Liban

En réalité, ces échanges entre l'armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l'Iran, ennemi numéro 1 d'Israël, ne datent pas d'hier. Ils ont commencé après le 7 octobre 2023, quand le Hamas a mené ses attaques meurtrières sur le sol israélien, entraînant la guerre dans la bande de Gaza : "On a toujours vécu avec un ennemi dans le sud du Liban : Israël. Et ce qu'on vit aujourd'hui, ça n'a jamais été aussi grave que depuis que le Hamas a attaqué Israël", ajoute ce dernier.

"Les autres ne pourront jamais partir"

"Le Liban a historiquement toujours été envahi. Mais là, le pays est condamné. Il est rempli de corruption. Vous imaginez, on n’a pas eu de président depuis 2022. Ici, quelle que soit la génération, on a tous vécu une guerre, que ce soit avec la Palestine ou celle avec la Syrie", lance Henri F., dépité. L'ingénieur a la chance d'avoir la nationalité française, par sa mère : "J'ai pu obtenir un visa et être reçu par une école en France. Le Liban est entouré par Israël, la Syrie et la mer. Les autres ne pourront jamais partir."

Ce jeudi 26 septembre, Emmanuel Macron, comme une grande partie de la communauté internationale, a appelé Israël à cesser l'escalade au Liban et à faire taire les armes à Gaza, où la guerre "n'a que trop duré". Le jeune franco-libanais : "ne crois pas que ce soit la responsabilité de la France ou Des États-Unis de nous sauver. Il faut que le Liban bouge. On n'a pas de souveraineté, on a des politiques corrompus. Il faut qu'on aille voter." 

"Être libanais te condamne à la mort"

Il continue : "J'ai participé à des manifestations dans le passé, on ne pouvait pas s'exprimer, on nous frappait pour arrêter. Franchement, être libanais te condamne à la mort."

Aujourd'hui, l'armée israélienne a dit mener des frappes à Beyrouth. Un commandant du Hezbollah aurait été visé. De son côté, le Premier ministre d'Israël, Benyamin Netanyahou, refuse tout cessez-le-feu, pour le moment. Une guerre de grande ampleur est-elle à craindre au Moyen-Orient ? C'est la crainte de Henri F. : "Je pense fort à ma famille et mes proches. Je prie fort pour eux".

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