Le 22 décembre 2016, la ministre de l'environnement Ségolène Royal inaugurait la première route solaire au monde à Tourouvre, dans l'Orne. Un an après, ce premier kilomètre présente, comme tout protoype, plusieurs points à améliorer avant une commercialisation prévue en 2019.
La route sera encore longue. Un an après son inauguration en grande pompe par la ministre de l'environnement l'époque, Ségolène Royal, le kilomètre de route solaire a atteint 85% de son objectif, estime son concepteur, l'entreprise Wattway, filiale du groupe Colas. Plusieurs points restent à améliorer d'ici 2019, date prévue pour lancer la commercialisation de ce qui est encore aujourd'hui qu'un prototype.A l'heure de la transtition énergétique, la route solaire est une des pistes explorées. Le principe : remplacer le classique bitume par des panneaux photovoltaïques protégés par une résine pour produire de l'électricité. Le procédé est expérimenté aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens dont la France. Mais c'est dans l'Orne qu'un tel dispositif est testé pour la première fois au monde à "grande échelle" et dans des conditions réelles.
Concrètement, depuis un an, les automobilistes empruntant la RD5 pour sortir de Tourouvre roulent pendant un kilomètre sur des panneaux solaires. Environ 2000 véhicules roulent quotidiennement sur 2800 m2 de dalles fabriquées par la société normande SNA (basée à Tourouvre).
Sur le papier, de quoi alimenter en électricité une ville de 5000 habitants. "On est assez proche de cet objectif", explique, un an après l'inauguration, Etienne Gaudin, le directeur de Wattway. "Après quand on regarde la production effective, on est sur moins que ça parce que le système n'a pas fonctionné tout le temps". Notamment à cause d'aléas climatiques.
Ce test grandeur nature a aussi permis de mettre au jour d'autres soucis, certains d'ordre techniques comme l'usure prématurée des joints d'étanchéité entre les dalles. D'autres, de l'ordre du confort auditif de l'usager. Aujourd'hui, l'automobiliste a l'impression de rouler en quelque sorte sur une route pavée. "La principale raison du bruit est lié à la forme des dalles qui ne sont pas complètements plates, à chaque fois qu'on passe on a un bruit de changement de dalle", indique Etienne Gaudin. Une nouvelle génération de dalle est déjà lancée.
Diviser la facture par cinq
Le site de Tourouvre est avant tout un laboratoire routier, un lieu d'expérimentation régulièrement visité par des délégations étrangères intéressés par cette nouvelle technologie. Outre les soucis techniques, il faudra pour son concepteur régler un autre problème de taille d'ici la commercialisation (prévue début 2019), celui de son prix. Aujourd'hui, cette route coûte 17 fois plus cher qu'une centrale photovoltaïque. L'objectif de son concepteur est de diviser cette facture par cinq.Reportage de Damien Migniau et Nicolas Corbard
Intervenant:
- Etienne Gaudin, directeur de Wattway