Le rendement des champs de blé français est attendu en baisse de 30% pour la récolte 2016, au plus bas depuis 1986, année de forte sécheresse, selon une estimation du ministère de l'Agriculture diffusée vendredi.
La production nationale de blé tendre devrait atteindre 29,1 millions de tonnes, en chute de 29% par rapport à 2015, car "les cultures ont souffert d'un excès d'eau et du manque de luminosité" en raison des intempéries du printemps, souligne Agreste, le service statistique du ministère de l'agriculture. "La floraison puis le remplissage des grains se sont déroulés dans de mauvaises conditions". De plus, "les conditions climatiques ont favorisé la prolifération des maladies et des ravageurs".
C'est dans le bassin parisien et les régions du nord et de l'est de la France que la chute des rendements est la plus forte. Les rendements devraient ainsi reculer de 40% en Ile-de-France, de 38% dans les Hauts-de-France et de 31% dans le Centre-Val de Loire par rapport à la moyenne 2011-2015, selon les calculs du ministère.
Cependant Agreste souligne que lorsque ces estimations ont été établies, fin juillet, la récolte avait à peine débuté dans certaines régions, notamment en Normandie et dans les Hauts-de-France. "L'estimation finale est donc encore susceptible d'évoluer jusqu'à la fin des moissons", prévient l'organisme. Néanmoins, une de nos équipes a suivi des céréaliers la semaine dernière dans l'Orne. Tous annonçaient déjà une très mauvaise année et pas que pour le blé.
Reportage de Nicolas Corbard et Manon Descoubès
Intervenants:
- Guillaume Pezard, céréalier, EARL de la Guitonniere
- Hervé Nouvellon, vice-président céréales à la FDSEA de l'Orne
Cette baisse drastique de la récolte française arrive au moment où les autres pays producteurs de blé connaissent eux une forte surproduction, ce qui fait s'effondrer les cours mondiaux et met d'autant plus en difficulté les agriculteurs français.
Le syndicat Orama, qui constitue la branche "grandes cultures" de la FNSEA, avait déjà tiré la sonnette d'alarme la semaine dernière. "Il y a des catastrophes que l'on n'imagine pas", avec dans certaines fermes des rendements "trois fois moins élevés que d'habitude", ainsi que "la moitié ou les trois-quarts du chiffre d'affaires en moins", avait souligné Philippe Pinta, président d'Orama.
Le cabinet Agritel estimait pour sa part dans une note publiée cette semaine "qu'une exploitation céréalière de 120 hectares sera au minimum en déficit de 60.000 euros" cette année.