Les dépôts sauvages de déchets le long des routes sont en forte augmentation. En 2011, la direction des routes relevait en Normandie 0,5 tonnes au kilomètres, c'est trois fois plus aujourd'hui. Dans les ordures ramassées par les agents, des trouvailles classiques et d'autres parfois plus insolites.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les dépôts sauvages de déchets et encombrants ne sont pas un problème du passé. À l’inverse, avec la mise en place de l'enlèvement des poubelles à la pesée dans certaines collectivités, le phénomène s'est accentué. La DIRNO (Direction interdépartementale des routes du nord-ouest) relevait 0,5 tonne par kilomètre en 2011. Ses agents ont collecté 1,4 tonne par kilomètre en 2019.
Même si les Normands trient davantage leurs déchets ménagers, ils sembleraient donc que certains d'entre eux pensent que les bas-côtés de la route fonctionnent comme la poubelle jaune ou les conteneurs de verre.
En ne considérant que l'Orne, département pourtant le moins peuplé de la région, près de 200 tonnes de déchets sont ramassées chaque année par les agents du conseil départemental. Une hérésie écologique qui oblige une activité de collecte chronophage et évitable pour les salariés de la collectivité ornaise.
Des canettes aux congélateurs
La plupart du temps, ils ramassent ce qu'ils appellent "de la poubelle ménagère". Pour détailler, il s'agit de ce que les gens ont dans leur voiture, des bouteilles en plastique, des canettes, des petits emballages, des sacs de fast-food. Il y a aussi les traditionnelles bouteilles emplies d'urine bien souvent jetées par les routiers depuis leur camion.
Les bords de routes sont aussi propices aux décharges sauvages. S'il y en a fort heureusement moins qu'il y a quelques décennies, on en trouve toujours çà et là. "Ceux qui n'ont pas accès à une déchetterie ou qui ne veulent pas payer ou s'embêter jettent ça dans la nature", explique Steve Liegard, du service des routes du Conseil départemental de l'Orne. "On retrouve du placo, des chutes de bois, des tuiles, bref des résidus de chantiers, de rénovation, mais aussi des radiateurs, des bouteilles de gaz".
C'est de la pollution visuelle. Ça nuit à l'image de nos routes et de notre département. C'est de la pollution pour la faune et la flore, les déchets peuvent éventuellement être ingérés par des animaux. Ils peuvent être broyés lorsqu’on fait les parages des routes. Qui dit broyage, dit résidus dans les fossés qui peuvent être emmenés dans les milieux aquatiques, dans les rivières.
Frédéric Farigoule, directeur de la gestion des routes au Conseil départemental de l'Orne
Les agents du département tombent parfois sur des objets bien plus encombrants, tels que des canapés, des armoires, des grandes bâches. "Une fois, on est même tombé sur un congélateur rempli de pommes", se remémore Steve Liegard. "Je ne sais pas si la personne l'avait abandonné de manière volontaire ou s'il était tombé d'une remorque. Toujours est-il que les pommes étaient bien pourries à l'intérieur".
Une infraction qui peut coûter cher
A certaines périodes de l'année, les agents de ramassage ne découvrent pas que des objets à évacuer. "Lors de certaines périodes liées à des fêtes religieuses, il est courant de trouver des animaux, ou ce qu'il en reste, la plupart du temps des moutons".
Le Conseil Départemental a lancé, ce mercredi 25 octobre, sa campagne « Stop aux déchets, la route n’est pas une poubelle ! ». Des panneaux de sensibilisation vont fleurir sur le réseau routier ornais.
— Département de l'Orne (@ornedepartement) October 25, 2023
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Pour lutter contre ces dépôts sauvages, le conseil départemental de l'Orne a décidé d’agir en posant le long des routes 40 panneaux. Pour rappel, le dépôt illégal d'ordure est une infraction de 4e ou 5éme catégorie dont le montant peut atteindre les 1 500 €.