Témoignage. "C'est pour repousser mes limites",à 82 ans, Micheline vise le podium aux championnats du Monde du 100 m

Son leitmotiv : "toujours se fixer un objectif". Celle qui a débuté la course à 55 ans est rentrée des championnats d'Europe senior avec une quatrième place. Depuis, Micheline a intensifié son entraînement.

Micheline est un peu la star de la Bayard d'Argentan. Deux fois par semaine, elle travaille son sprint sur la piste d'athlétisme de l'Orne. Elle est championne de France en titre du 100 mètres, en catégorie senior (plus de 80 ans), avec un temps de 21’’77 qui lui a permis de battre au passage le record national.

À l'inverse des personnes de son âge, la coureuse intensifie son effort au fur et à mesure que les années passent. Suivie de près par son entraîneur, elle est passée des courses longues au sprint depuis seulement quatre ans et, cette année, elle a même participé aux championnats d'Europe. En vue des championnats du monde, elle s'attèle à quatre séances de sport par semaine. 

Micheline a découvert la course à pied à 55 ans

Micheline Bailly a commencé à courir sous la pression bienveillante de son entourage de travail. "Des collègues allaient courir tous les vendredis midi en forêt. Ils me proposaient chaque semaine de venir. Ça ne me disait rien du tout parce que j'ai jamais vraiment su courir", explique-t-elle, "et puis un jour, j'en ai eu marre et j'ai dit d'accord, je viens. Ça a débuté comme ça".

"J'y ai pris goût tout simplement. Toutes les semaines, j'allais courir avec eux et j'ai progressé comme ça. Au départ, on montait, on longeait un petit ruisseau. Je me disais : bon la semaine dernière, tu t'es arrêtée à cet arbre-là, aujourd'hui, tu vas plus haut. C'est comme ça que j'ai progressé. Il faut toujours se fixer un objectif !" 

"Quand j'ai débuté, j'avais fait une pneumonie en août et j'ai commencé à courir en octobre. Je courais même pas 300 mètres, je marchais et je ne pouvais plus.
J'ai remercié la course à pied parce que ça m'a ça m'a rééduqué les poumons en fait... En étant persévérante, j'ai progressé".

Pour moi maintenant, c'est ni plus ni moins que repousser ses limites. Ca me permet de voir où j'en suis, ce que je suis capable de faire.

Micheline Bailly

France 3 Normandie

D'un naturel plutôt sportif, Micheline n'a jamais aimé faire des tours de pistes. "Quand j'allais à l'école, j'étais bonne dans tous les sports sauf en course à pied. J'avais des points de côté, c'est pour ça que ça m'a jamais plu de courir et puis je suis tombée sur un collègue qui m'a appris à respirer et c'est parti comme ça, assez tard, à 55 ans."

Les championnats d'Europe, quelle aventure !

Les championnats d'Europe d'athlétisme Masters, représentent une sacrée aventure pour Micheline. En Italie, elle est entourée de près de 4800 athlètes de 35 ans et plus, chacun concourant dans sa catégorie d'âge (de 5 ans en 5 ans). 

Trente-neuf pays sont engagés. Représenter la France est un challenge pour Micheline.  "Je dois reconnaître que je suis très fière d'avoir fait le défilé avec l'équipe de France, j'ai même demandé à prendre le drapeau pour la photo." Elle termine à la quatrième place et espère une place sur le podium la prochaine fois. Dans ce but, elle s'est inscrite dans une salle de sport pour travailler sa musculation. Elle s'y rend deux fois par semaine.

Après ses championnats et son record de France du 100 m, Micheline a gagné en popularité. "Mais bon, ça n'a pas changé ma vie à part la fierté d'être championne de France. Je réalise quand les gens m'abordent, mais autrement, je n'y pense même pas. J'ai fait une course normale pour moi". Il est vrai qu'elle collectionne les podiums depuis ses débuts à la compétition, en course sur route, en cross et maintenant sur piste. "Le premier championnat où j'ai gagné, c'est à Gujan Mestras les championnats de cross en 2002". 

Objectif 2024 : le monde

Cet hiver, Micheline va probablement s'aligner sur le 60 mètres indor. "On est dans toutes ces logiques à l'envers" explique son entraîneur. "On essaie de progresser dans la longueur de foulée, de mettre de la force dans les pieds, de se servir des bras, des épaules qui sont un peu engourdies et sommes toutes à 82 ans, c'est logique".

Déçue de ne pas avoir décroché un podium au championnat d'Europe. Elle courra l'année prochaine avec des chaussures à pointes pour gagner des centièmes précieux. Prochain objectif en mars 2024 : les championnats du monde master en Pologne.

" Un championnat du monde, je pense qu'à mon âge ce n'est pas permis à tout le monde. Il faut rêver un peu oui. Le stress, il n'y en pas pour l'instant, mais ce jour-là, il y en aura surement."

Aux championnats d'Europe, elles étaient six concurrentes sur la ligne de départ. Micheline n'a qu'une seule crainte : se retrouver un jour seule dans sa catégorie ...