Du 9 au 13 août, le Haras-du-Pin accueille les championnats d'Europe du concours complet. Née dans l'esprit de Louis XIV, la structure est en train de retrouver ses lettres de noblesse, grâce à d'importants investissements des collectivités. Voyage dans les coulisses d'un édifice marqué par un passé glorieux et tourné vers un avenir radieux.
De Napoléon III à La Reine d'Angleterre, tous les souverains passionnés de cheval ont franchi un jour le portail du Haras du Pin, marchant ainsi dans le rêve grandeur nature du Roi Soleil. "Louis XIV avait besoin de chevaux pour les guerres", explique Claire Fortin, Responsable Tourisme au Haras du Pin. "Son ministre Colbert a créé en 1665 les haras royaux. L'État fait donc l'acquisition d'un domaine de 1 112 hectares au cœur de l'Orne pour construire ce premier haras royal, qui est le plus grand haras en France, très inspiré des plans du château de Versailles".
Bâties sur la forme d'un fer à cheval, les écuries renferment aujourd'hui encore des savoir-faire d'antan. Mathilde Costeux est artisan sellier-harnacheur. "On prend conscience de la chance que l'on a de faire revivre ce métier dans ces lieux". Sur les murs de bois, on distingue encore des gravures anciennes, dont une date d'octobre 1856, accompagnée d'une photo d'un sellier qui a exercé dans les lieux et une affiche son ordre d'appel sous les drapeaux.
Le Haras, sauveur des percherons que tout le monde s'arrache
Si ce métier a traversé les siècles sans difficulté, ce n'est pas le cas de certains occupants des lieux. Les percherons, chevaux de travail, ont bien failli tomber dans l'oubli en lendemain de la Seconde Guerre mondiale. "Avec le plan Marshall, censé développer la mécanisation de l'agriculture, les anciens partaient à l'abattoir avec une jument et revenaient avec un tracteur. Ça a été désastreux pour l'élevage", se lamente Etienne Decayeux, éleveur et président des percherons normands.
Ce cheval issu du Perche, robuste et au sang froid, a été sauvé in extremis par le Haras du Pin. Bien lui en a pris. Aujourd'hui, pour des raisons environnementales, les collectivités et les services de police se l'arrachent. "On a du mal à suivre, en plus avec les Jeux Olympiques, la demande a explosé", raconte Etienne Decayeux. C'est compliqué de fournir tout le monde. C'est long à dresser un cheval qui passe partout, ça ne se fait pas en deux mois. Il faut quelques mois, voire des années pour certains".
"Le plus gros investissement depuis Louis XIV"
Terre d'élevage, riche de son passé, le Haras du Pin ambitionne désormais de devenir la Mecque du cheval. Son premier investissement vient tout juste de sortir de terre. Quatre carrières et 300 boxes en dur, destinés à accueillir en compétition les cavaliers du monde entier.
Il a fallu une volonté des financeurs, les collectivités en premier lieu, et un alignement de planètes pour pouvoir investir beaucoup. Je pense que depuis Louis XIV, c'est le plus gros investissement qui a existé ici avec ce projet sportif qui avoisine déjà les 24 millions d'euros.
Sébastien Leroux, directeur du Haras national du Pin
Au total, près de 100 millions d'euros seront investis au Haras du Pin, pour en faire le Pôle international du sport équestre. Dès l'année prochaine, le site accueillera les différentes délégations internationales en amont des Jeux Olympiques de Paris.
avec Anaïs Guérard