Alors qu'une loi de moralisation de la vie publique sera le premier chantier du nouveau gouvernement, des militants anti-nucléaires reprochent au nouveau Premier ministre d'avoir été salarié d'Areva
Dans un communiqué publié hier (lundi 15 mai 2017) "L'observatoire du nucléaire" réagit à l'arrivée du député-maire du Havre à Matignon en déclarant dénoncer "la nomination au poste de premier ministre de M. Edouard Philippe qui n'est en rien le personnage "modéré" que la communication macronienne tente de mettre en scène".
Toujours selon les auteurs de ce communiqué, M. Philippe aurait, du temps où il travaillait pour Areva, favorisé "le lobby de l'atome" et "participé à de sombres manœuvres uranifères de la Françafrique".
Autre accusation formulée par "L'observatoire du nucléaire" : le maire du Havre aurait "offert un pont d'or à son ancien employeur Areva pour qu'il installe deux usines d'éoliennes off-shore"
VIDEO : le reportage France 3 Normandie de J.M. Pitte et P. Cornily (montage : Xavier Robert) avec l'interview de
- Guillaume Blavette, de "Stop EPR Ni à Penly ni ailleurs"
Hasard du calendrier, et comme pour répondre à ces accusations, l'un des premiers actes du nouveau gouvernement sera le projet de loi de moralisation de la vie publique.
Alors que 75% des Français pensent qu'élus et dirigeants politiques sont plutôt corrompus selon le baromètre Cevipof, le président Emmanuel Macron affirme vouloir combattre cette "lèpre qui corrompt le rapport à la politique", et faire de la moralisation un "socle".
Le projet de loi, attendu en Conseil des ministres avant les élections législatives, comportera "l'interdiction du népotisme pour les parlementaires", notamment après les soupçons d'emplois fictifs de proches de François Fillon. Embaucher un membre de sa famille sera interdit pour tout "élu" ou "ministre", précisait le programme du candidat Macron.
Autre disposition-clé: l'interdiction de plus de trois mandats identiques successifs, idée présente chez plusieurs ex-prétendants à l'Elysée dans la lignée de la loi sur le non-cumul entre mandat parlementaire et fonction exécutive locale.
Pour prévenir les conflits d'intérêts, sera interdit aux parlementaires l'exercice d'activités de conseil parallèlement à leur mandat. Actuellement, il est seulement interdit à un député de démarrer une telle activité. Et toutes les indemnités parlementaires "seront soumises à l'impôt", ce qui vise l'indemnité de frais de mandat (IRFM) défrayant régulièrement la chronique. Le régime spécial des retraites des députés et sénateurs disparaîtra.
Enfin, Emmanuel Macron veut imposer un casier judiciaire vierge aux candidats aux élections, comme pour ceux investis pour juin par son mouvement La République en marche. C'est dans un autre texte, une loi électorale, que le président prévoit d'inscrire, avant fin 2017, la réduction d'un tiers du nombre de parlementaires et une dose de proportionnelle.
Quant au patrimoine, le président comme les maires de grandes villes doivent établir une déclaration en début et fin de mandat depuis des lois de 1988 et 1995. C'est cette déclaration que le nouveau Premier ministre (LR) Edouard Philippe avait rempli de façon désinvolte en 2014 - avec plusieurs fois la réponse "aucune idée" notamment -, avant de s'y plier en fin de mandat.
La législation post-Cahuzac a élargi l'obligation à des non-élus (conseillers ministériels...) et créé une Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Fin 2013 est né le parquet national financier.
Pour prévenir des conflits d'intérêts, codes et chartes de déontologie ont été élaborés pour députés (2011) et membres du gouvernement (2012). Ils doivent déclarer leurs intérêts personnels.