Epuisement professionnel, sous-effectif, isolement. Les femmes de pompiers de la caserne de Caucriauville alertent sur l'état de leurs époux.
"Nos maris ne peuvent plus partager ce qu'ils ont vécu lors des interventions", "il n' y a plus de vie de caserne".
Les épouses des sapeurs-pompiers de Caucriauville ont décidé d'échanger ensemble régulièrement sur l'évolution de la situation.
Au coeur du problème, le sous-effectif. Sur les portes du garage de la caserne, est inscrit le chiffre 15, effectif prévu normalement en semaine, et le chiffre 8, effectif réel ces dernières semaines.
Des maris exténués et sous-pression
Emeline et Chloé témoignent de la dégradation de l'état de leur mari depuis plusieurs mois.
"On ne sort plus, on ne voit plus la famille, il est trop fatigué. Le nombre d'interventions est trop élevé par rapport au nombre de personnes à la garde"
"Auparavant la dureté des interventions était régulée par le collectif. Avant mon mari ne nous parlait pas de cela, maintenant il a besoin de le partager à la maison"
Le métier de sapeur-pompier professionnel attire moins
"Aujourd'hui les jeunes ne veulent plus être pompiers, c'est trop dangereux. Ce n'est pas bien payé. Il n'y a pas de prise en compte du travail de nuit, des jours fériés, des week-ends. Autant rester en entreprise privée et être pompier volontaire" explique Guillaume Simon, représentant du syndicat autonome des pompiers de Seine-Maritime
Interrogé sur le découragement des sapeurs-pompiers professionnels à Caucriauville, Fabrice Caumont, porte-parole du service départemental d'incendie et de secours 76, décrit une "situation exceptionnelle liée à un nombre d'arrêts importants pour des maladies ou des accidents du travail. Il explique "la situation s'est maintenant améliorée".
En Seine-Maritime, les effectifs de sapeurs-pompiers avaient diminué entre 2014 et 2018 ( de 883 à 860). Dans la même période le nombre d'intervention avait augmenté de 27%.