Incendié et saccagé pendant les émeutes, le restaurant d'insertion Léo à table fait les comptes. Il lui faudra plus de six mois pour renaitre de ses cendres, mais il ne désarme pas. Ce lieu de socialisation et de convivialité veut reprendre sa place dans le quartier des Hauts de Rouen.
Après la mort à Nanterre de Nahel,17 ans, tué par un policier le 27 juin dernier, les quartiers se sont embrasés. À Rouen, le quartier des Hauts de Rouen a été particulièrement dégradé : bâtiments publics, commissariat, magasins, ont été la cible de la colère des jeunes.
Le restaurant d'insertion Léo à table n'a pas échappé au vandalisme, incendié et saccagé par des pilleurs dans la nuit du 29 au 30 juin. Il ne reste aujourd'hui plus grand-chose de ce qui fût pourtant longtemps, une balise dans ce quartier. Après la sidération et la tristesse de tous ceux qui faisaient vivre cet endroit, l'heure est aux comptes. Il faudra de longs mois pour faire renaître le restaurant, mais pas question de baisser les bras.
Une balise sur les Hauts de Rouen
L'image est désolante. Les vitres brisées du restaurant jonchent toujours le trottoir de la rue George Braque. En entrant dans ce qui reste de l'établissement, une forte odeur de brûlé flotte encore entre ses murs, une semaine après l'incendie.
Depuis 2017, Léo à table est un lieu de convivialité unique dans le quartier. Et un bel outil d'insertion professionnelle dédié aux métiers de la restauration. Dix salariés en insertion travaillaient jusqu'à présent dans ce lieu inclusif des Hauts de Rouen. Ouvert tous les midis, l'établissement participait au dynamisme du quartier. "Il n'y avait plus d'offre de restauration sur le quartier. La première chose, c'était d'en proposer une, et la deuxième chose c'était de participer à l'économie du territoire et aussi à son attractivité, nous explique Bernard Chaumont, le président du Restaurant associatif Léo à table, on avait beaucoup de gens qui "montaient" sur les Hauts de Rouen pour venir dans ce restaurant. On pense qu'il y a un lien social fort qui permet au quartier d'avoir une image beaucoup plus positive aussi".
Preuve de sa renommée, le restaurant a reçu de très nombreux messages de soutien à la suite du sinistre. Le directeur du restaurant, Grégory Lamarre, essaie de prendre les choses avec recul, et intelligence.
On va prendre les étapes les unes derrière les autres.Si on a le feu vert, on va mettre l'énergie qu'il faut pour relancer le projet et se remettre sur une bonne route, et permettre à Léo de continuer à marcher
Grégory Lamarre, directeur du restaurant Léo à table
Cet après-midi-là, un expert des assurances était aussi sur les lieux pour chiffrer les dégâts, et établir un premier diagnostic. "L'expertise consiste à faire des photographies, ensuite on va approvisionner le dossier pour prévenir l'assureur du montant du préjudice", précise Olivier Cornu, expert auprès de la Maïf.
Le chemin est encore long avant d'envisager une reprise d'activité. Il va falloir pour Léo s'armer de patience, avant de renaître de ses cendres.