Il y a deux ans à la même période, le prix des carburants était au plus bas. Entre 1,15 euros le litre pour le gazole d’une part, et 1,25 euros pour l’essence sans plomb et l’éthanol d’autre part. On connait la suite: l’évolution progressive des prix en 2021 jusqu’à une véritable flambée des tarifs à partir de mars / avril de cette année. Paradoxe: depuis la fin du mois de juillet, on assiste à une baisse significative des prix.
Une variation à la baisse multifactorielle
En France, le prix du gazole était en moyenne sur la dernière quinzaine de juillet à 1,87 euros et 1,80 euros pour le sans plomb selon les chiffres du ministère de la transition écologique.
Alors comment expliquer cette baisse ? Par la conjonction de plusieurs facteurs selon l’IFRI, l’institut français des relations internationales.
Première raison: le gouvernement a décidé fin juin une aide de 18 centimes par litre. Cela a notamment incité les pétroliers à faire un effort. Ainsi, TotalEnergies a décidé de rembourser cinq euros par plein de carburant aux automobilistes des zones rurales pendant trois mois.
La baisse d’activité manufacturière en Chine a réduit sa demande en pétrole. Cela a eu un impact sur le marché mondial: de 130 euros le baril en mars (liés en grande partie au déclenchement de la guerre en Ukraine), le prix est passé à 110 euros durant les mois de juin et juillet puis à 100 euros aujourd’hui, niveau auquel il était avant le conflit armé.
Par ailleurs, l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a augmenté ses quotas de production. Une décision qui a eu pour effet une baisse du cours du pétrole, mais dans une certaine mesure seulement compte tenu de difficultés pour certains pays d’assurer les approvisionnements demandés et l’embargo qui pèse encore sur le pétrole vénézuélien et iranien. La réunion de l’OPEP qui se tient aujourd’hui devrait nous renseigner sur les prix à la pompe qui pourraient s’appliquer ces prochaines semaines.
Autre élément, les pays membres de l’Agence International de l’Energie (AIE) ont décidé de débloquer leurs stocks stratégiques, à commencer par les États-Unis. La France a emboité le pas. Elle met donc à contribution ses réserves d’essence dont une grande partie se trouve en Normandie.
Des sites de stockage répartis sur tout le territoire
En France, les régions PACA et Normandie concentrent la moitié des capacités de stockage de produits pétroliers, le reste étant réparti entre trois grandes régions (Languedoc Roussillon, Aquitaine et Hauts de France) qui cumulent plus de 20% des réserves. Viennent ensuite l’Ile de France et la région Rhône Alpes avec 8 et 6% de stockage, en proportion à leur activité économique.
C’est la SAGESS (société anonyme de gestion des stocks de sécurité pétroliers) qui gère les stocks stratégiques dans l’Hexagone sous le contrôle d’Etat par le biais de son comité professionnel des stocks stratégiques (CPSSP). La SAGESS ne communique pas précisément sur les lieux des sites stratégiques ni sur les volumes stockés. Elle indique néanmoins que « la France compte environ une centaine de sites de stockage industriel et stratégique répartis dans sept zones de défense (Hauts de France, IDF, Nord Ouest, Grand Est, Sud Ouest, Sud Est, Sud) ».
Une autonomie de carburant de 3 mois
En Normandie, le principal entrepôt commercial est situé à Gonfreville-l’Orcher en Seine-Maritime près du Havre qui dispose d’outils de raffinage, de sites d’importation et d’infrastructures de transports pétroliers.
Si les stocks globaux de produits pétroliers doivent assurer trois mois d’autonomie à l’échelle du pays, l’objectif est de conserver au moins dix jours de consommation pour les essences et quinze jours pour les gazoles et fiouls domestiques dans chacune des régions.
Depuis 90 ans, la loi française impose de disposer en permanence de trois mois de stocks pétroliers. Le système de gestion permet sur injonction de l’Etat de mettre à disposition des opérateurs pétroliers (stations services entre autres) les quantités de carburant nécessaires en temps de crise.
Une utilisation conséquente de ces stocks stratégiques peut permettre de lutter contre les augmentations de prix décidés par l’OPEP. Une bien maigre consolation quand on sait que le carburant consommé en France dépend quasi exclusivement de l’étranger, en particulier de ces mêmes pays de l’OPEP.