Festival du film canadien de Dieppe : regards de femmes sur le peuple inuit

Le festival met l’accent sur les communautés inuits. Il invite deux réalisatrices canadiennes, des personnalités flamboyantes. L’une, originaire de Montréal, a vécu dix ans dans le grand Nord. L’autre a grandi dans le Nunavut, territoire habité par le peuple autochtone des Inuits.

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  Marie-Hélène Cousineau explose d’un rire malicieux. La réalisatrice est heureuse d’être à Dieppe, excitée à l’idée de rencontrer pour la première fois Jean Malaurie, à l’occasion du focus INUIT. Le géographe et ethnologue dieppois, fondateur de la collection "Terre Humaine" chez Plon, a été l’un des premiers défenseurs des minorités du Grand Nord. Il est l’invité d’honneur du festival du film canadien.
 
" On fait un peu partie de la même équipe, explique Marie-Hélène Cousineau. Celles des amoureux du Grand Nord . Moi ça fait 30 ans que j’étudie ce peuple. "  
 

Marie-Hélène Cousineau pensait rester un an chez les inuits, mais elle y plantera ses racines 

 
Originaire de Montréal, la réalisatrice est arrivée en 1990 à Igloolik,  une ville du Nunavut, située au nord du cercle arctique. A l’époque, les 900 habitants vivaient encore de façon traditionnelle. Elle pensait y rester un an, mais elle s’est fait «  happer »,  fascinée par les autochtones, la culture, l’environnement.
 
" Là-bas, la nature est le chef d’orchestre, c’est elle qui décide, qui guide le quotidien des inuits. Quand je suis arrivée, ça a été un choc. J’avais beau faire partie du même pays, je ne connaissais pas le grand Nord, on n’en parlait pas beaucoup en 1990, car le réchauffement climatique n’était pas encore d’actualité.  Ce voyage a changé ma vie, bouleversé mon existence. Tout, là-bas, est d’une richesse incroyable. C’est un espace qui nous transforme. "
 
Elle restera dix ans au Nunavut.  Très vite, pour créer un lien, Marie-Hélène ouvre des ateliers video avec des femmes inuits. 

"Elles étaient aussi curieuses de moi, que moi j'étais curieuse d'elles. " 

Certaines femmes, les plus anciennes, ne parlent que le inuktitut. Les plus jeunes connaissent l’ anglais. Marie-Hélène fait appel à un interprète. "Mais, lance-t-elle, on  se comprenait quand même, juste en se regardant, de manière intuitive et pratique."
 

 
Depuis 1991, Marie-Hélène Cousineau a produit et réalisé une vingtaine de films, documentaires et fictions, avec des femmes inuits, comme le joli conte Before Tomorrow ou le drame Uvanga.
Dans ses ateliers, la réalisatrice  fait la connaissance de la comédienne et chanteuse Lucy Tulugarjuk.  Elle produit son film en 2018.  Tia et Piujuk  est présenté cette année dans la sélection officielle du festival du film canadien de Dieppe.
 

A 44 ans, Lucy Tulugarjuk est une enfant d’Igloolik.

 
" Dans ma famille, je suis l’une des premières à avoir étudié l’inuktitut, la langue de mon territoire, à l’école. Notre culture a été reniée durant des années. On nous a forcé à oublier notre langue.  Si j’ai fait ce film, qui parle d’une amitié entre une fillette réfugiée syrienne et une enfant inuit, c’est pour partager les légendes et mythes inuits, pour les faire connaître au plus grand nombre. "
 
Dans le grand Nord, les inuits, premiers militants écologiques, ressentent âprement les effets du réchauffement climatique. Lucy constate année après année les dégâts causés par le réchauffement.
 
"Quand j’étais petite, on était capable de lire dans les nuages. Maintenant, la météo a changé. La banquise s’est fragilisée et des personnes passent même à travers la glace."  
 
Lors de la soirée Focus Inuit, présentée lors du festival,  Lucy Tulugarjuk recevra le prix Jean Malaurie pour son film Tia et Piujuk.
Un film sur " l’amitié, le respect, et l’amour ". Le prix est remis par le célèbre ethnologue.
Son regard s’éclaire à cette évocation. Un grand sourire enfantin illumine son visage . " Je suis fière, vraiment très fière ".
 
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