Handicap. Pourquoi les délais d'obtention d'une carte mobilité inclusion sont aussi longs ?

Des mois et des mois d'attente pour obtenir une carte mobilité inclusion (CMI)... De nombreuses personnes en situation de handicap se plaignent des délais d'attente de la MDPH, organisme qui atteste de leur handicap et leur permet de faire valoir leurs droits. Seulement voilà, les délais sont aujourd'hui extrêmement longs.

"C'est une situation assez anxiogène. On est toujours en attente de savoir si on aura droit à ce à quoi on a droit", se souvient Nane. Il y a deux ans, la trentenaire a été diagnostiquée autiste. S'en est suivi un parcours du combattant de deux ans pour obtenir sa carte d'adulte handicapée. 

Des délais administratifs interminables

"Dès que j’ai reçu le diagnostic, j’ai commencé les démarches. La première année, je n'ai eu aucune réponse. On m'a ensuite dit que mes demandes avaient été validées. Puis, il a fallu attendre encore un an pour que la commission statue sur mon dossier", explique Nane. 

Deux ans d'attente qui l'ont pénalisée. "J'ai eu des suivis psychologiques et éducatifs que j'ai dû payer de ma poche. Je n'étais pas encore reconnue comme travailleuse en situation de handicap, donc je n'ai pas eu le droit à des aménagements de poste."

Comme elle, beaucoup de personnes en situation de handicap se plaignent de ces délais d'attente interminables. Sur les réseaux sociaux, les témoignages se multiplient.

Paperasse sur paperasse

Marlène fait partie de ces désespérés de la MDPH. Elle possède une carte mobilité inclusion (CMI) valable à vie, car elle est atteinte de troubles autistiques. Ses trois enfants le sont aussi, dont son fils Mahel, pour qui elle mène un combat administratif. Car la CMI de Mahel est temporaire et nécessite donc d'être renouvelée.

Tous les ans, elle doit en outre monter un dossier pour demander la présence d'une AESH aux côtés de son fils de 7 ans. "Je me suis toujours battue pour lui. Il a toujours pu obtenir son aide individuelle à l'école" explique-t-elle. 

Une "violence institutionnelle"

Marlène passe des heures dans la paperasse pour faire des demandes à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). Elle estime perdre un temps précieux qu'elle pourrait consacrer à l'éducation de son fils. 

Quand on est sur des batailles administratives, on ne peut pas se concentrer pleinement sur l'éducation de l'enfant, le faire évoluer.

Marlène, personne en situation de handicap et présidente de l'association "Tout simplement autiste"

à France 3 Normandie

Marlène va même plus loin et pointe du doigt les services de l'Etat. "Je mets tout en oeuvre pour qu'il progresse et continue à progresser pas à pas, mais il faut que les élus et les collectivités territoriales nous suivent. C'est vraiment de la violence instutitionnelle", appuie Marlène. 

Une association et une pétition

Pour se faire entendre, Marlène a créé l'association Tout Simplement Autiste, à destination des adultes en situation de handicap. L'association est présente à Dieppe mais vise à s'étendre.

J'aide les familles parce qu'elles se retrouvent face un mur et ça n'est pas entendable. Ce n'est pas un dû mais un droit.

Marlène

Face à ces délais à rallonge de traitement des dossiers, "les personnes se retrouvent en situation de précarité, sans AAH (allocation aux adultes handicapés), obligées de stationner très loin, sans pouvoir passer à la caisse prioritaire...", déplore Marlène. 

Dans ce contexte, Marlène et Nane ont créé ensemble une pétition. "Le fondement de cette pétition repose sur les délais de la MPDH qui sont excessivement longs et la loi de 2005 sur la prise en compte et la compensation du handicap."

La MDPH confrontée à "des tensions importantes"

Contactée par France 3 Normandie, la MDPH répond de son côté qu'elle "a été confrontée ces deux dernières années à des tensions importantes au niveau de son activité (accroissement du nombre de dossiers déposés, évolutions réglementaires…), de ses ressources humaines et informatiques (dont la cyber-attaque subie en octobre 2022)."

Des difficultés qui ont engendré des retards dans les délais de traitement : environ dix mois d'attente aujourd'hui contre 4 mois en moyenne auparavant.

Pour y faire face, la MDPH indique qu'un plan d'action visant son redressement a été engagé dès le début de l'année dernière par le Département de la Seine-Maritime, et qu'un soutien financier de la Caisse Nationale Solidarités Autonomie (CNSA) a été obtenu : depuis mai 2023, "plus de 30 professionnels ont intégré l'organisation [...] grâce aux financements de ces deux partenaires."

La MPDH de la Seine-Maritime dit observer aujourd'hui "une amélioration du nombre mensuel de dossiers instruits et de décisions rendues (+40% d'activité avant l'été 2024)." Rattraper tout ce retard devrait prendre douze mois, d'après la CNSA.

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