C'est une première : les employés du conservatoire Camille-Saint-Saëns de Dieppe (Seine-Maritime) étaient en grève mercredi 7 février. On vous explique pourquoi.
Grève historique au conservatoire du pays dieppois. Problèmes de communication, décisions prises sans concertations, dossiers bloqués... près de 40% des agents étaient en grève mercredi 7 février pour manifester leur mal-être grandissant.
Une grève historique
L’émotion était grande ce matin à Dieppe devant le conservatoire Camille Saint-Saëns. Trente agents sur quatre-vingts étaient grévistes. Un mouvement de contestation historique, pour crier leur mal-être
"J'ai vu mes conditions de travail changer. Au fur et à mesure des années. J'ai subi le manque de considération, le manque d'écoute. Je vois beaucoup d'injustices et de choses qui sont non réglementaires", lance une employée qui a pris la parole au micro.
"Ce n'est plus un problème personnel. Ça devient un problème de santé pour les agents"
"Ma fille n'a pas eu de formation musicale avec son titulaire pendant trois mois. C'est la grand-mère d'une élève du conservatoire qui est venue pallier ça", nous confie une mère d'élève. "Si les professeurs et les parents ne se mobilisent pas, les choses se délitent."
Un mal-être des agents
Point de départ du mouvement : la récente constitution d’un nouveau conseil pédagogique, entrainant la perte d’une prime pour plusieurs salariés. Mais les racines du malaise sont plus profondes
"On fait sans arrêt des demandes à la direction au sujet des conditions de travail, des rémunérations, des décisions qui doivent être prises, des dossiers qui doivent avancer et malheureusement, ces derniers n'avancent jamais. Nous ne sommes pas entendus", explique Marie Herbelin, professeur de formation musicale, représentante du personnel (CGT). "On veut des solutions concrètes pour rétablir le dialogue."
Le conservatoire assure la formation musicale et artistique de 1300 élèves de tous âges répartis sur le territoire de Caux, Dieppe Maritime, et Falaises du Talou. En tout, 5000 élèves d’une centaine d’établissements de l’éducation nationale.
Jacques Schaff, ancien élève de guitare et violoncelle, est venu en soutien. "C'est triste de voir ces grands musiciens pédagogues souffrir. On ne connaît pas les détails, mais on voit bien qu'ils ne sont pas tout à fait heureux."
Une érosion des budgets
Le conservatoire dépend du ministère de la Culture et la direction pointe l’érosion des budgets de l’État, graduellement passés de 500 à 100 000 euros par an.
"On assiste à un mal-être profond qui est parfaitement compréhensible pour des tas de raisons et pas seulement locales. Nos métiers sont vraiment en tension avec un manque de reconnaissance évident", nous explique Sylvain Maillard, directeur du Conservatoire Camille Saint-Saëns du Pays dieppois.
Pas de décision prise à l’issue d’une réunion exceptionnelle entre le président, le directeur et les salariés. Le président promet une réponse au plus tard le 8 avril, date de vote du budget du conservatoire.