Un avion quadrimoteur de type Halifax a été localisé près de Dieppe (Seine-Maritime) par une association de passionnés d'histoire de l'aviation. Des fouilles ont débuté.
L'équipage était anglo-canadien. Le bombardier de l'armée canadienne avait à son bord sept hommes quand le 20 avril 1944, au survol de Dieppe, il a été abattu par la défense anti-aérienne allemande et est tombé à Pourville (Hautot-sur-Mer).
Seuls deux soldats, parmi les quatre qui ont sauté en vol, ont survécu au crash…
Pour rendre hommage à ces soldats, l'association Pilotes & Cie a cherché pendant deux ans à retrouver leur avion. C'est chose faite.
Cet Halifax, un bombardier à quatre moteurs de plus de 20 mètres de long, était l'un des 174 autres avions partis d'Angleterre pour une mission de bombardement dans le nord de la France : la gare de triage de Lens (Pas-de-Calais).
L'escadrille anglaise s'était rassemblée au-dessus d'Eastbourne (entre Brighton et Hastings) pour traverser la Manche et atteindre la France entre Dieppe et Le Tréport.
De là, la trajectoire du plan de vol était d'aller en ligne droite à l'intérieur des terres jusqu'à Aumale, avant d'opérer un mouvement tournant vers le nord-est et, en passant à l'ouest d'Amiens, de survoler Lens avant de remonter vers la mer entre Dunkerque et Ostende, puis de retraverser la Manche en direction de l'Angleterre.
Il n'était donc pas prévu de survoler Dieppe, qui depuis le raid anglo-canadien du 19 août 1942, avait vu ses fortifications renforcées sur ordre d'Hitler, et ce à plusieurs kilomètres à la ronde. Par ailleurs, depuis le début de 1944, la défense anti-aérienne allemande du secteur de Dieppe était mise régulièrement en alerte par les avions anglais qui venaient bombarder les rampes de lancement de V1 (les premiers missiles de l'histoire destinés à être lancés sur Londres) du Pays de Bray et du Pays de Caux.
Alors que faisait ce bombardier le 20 avril 1944 dans le ciel dieppois ? François Kowal, président de l'association Pilotes & Cie, a son explication :
"Cet avion-là s'est égaré. Au lieu de passer entre Dieppe et Le Tréport, il est passé plus au sud, au-dessus de Dieppe et il a été pris la Flak allemande. Touché, il est passé au-dessus de Petit-Appeville et il s'est ensuite crashé à Pourville, dans un champ de la vallée de la Scie, sur le territoire de la commune d'Hautot-sur-Mer."
Premières fouilles
L'association, comme l'a expliqué son président à notre journaliste Grégory Archiapati, a souhaité, dans une démarche de devoir de mémoire, rendre hommage aux membres d'équipage en retrouvant leur avion. Après deux ans de recherches et de nombreuses démarches administratives pour obtenir les autorisations nécessaires, des fouilles ont débuté au printemps 2022.
Limitées à 30 centimètres de profondeur, elles ont permis de retrouver des éléments de l'Halifax. Plusieurs centaines de pièces, du métal fondu, des éléments de carlingue, mais aussi deux des mitrailleuses qui équipaient le bombardier. Ces pièces, déterrées à la main après localisation au détecteur de métaux, seront ensuite stockées par l'association pour identification, classement et archivage. Elles sont désormais la propriété de l'Etat.
Parmi les bénévoles qui participent aux fouilles, Marcel Diologent se souvient d'avoir approché le bombardier. Il était allé jouer, début 1945, lorsqu'il était enfant, aux abords de la carcasse de l'avion, dont une extrémité émergeait d'une grande mare. Avec son frère, il avait construit une sorte de radeau et ils allaient, inconscients du danger, accoster le long de la dérive de l'avion.
Maintenant que l'Halifax a été retrouvé, une autre étape est envisagée, celle de fouilles plus profondes dans le sol pour exhumer les restes des aviateurs. L'association est en contact avec cinq familles des membres d'équipage.