Témoignage. Adoption : "Les liens du sang ne sont pas nécessaires pour construire une famille"

Publié le Mis à jour le Écrit par Félix Bollez (avec Emilie Henny)
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L'Assemblée nationale a voté en première lecture la proposition de loi de La République en marche pour simplifier l'adoption. Adopter un enfant est un long processus. Loïc l'a vécu pendant 4 ans, avant d'enfin pouvoir devenir papa. Il témoigne.

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L'adoption, un parcours du combattant dans lequel se lancent près de 10 000 couples chaque année en France. Ce parcours est un long processus administration qu'une proposition de loi qui souhaite moderniser et simplifier. Déposée par la majorité La République En Marche à l'Assemblée nationale, elle prévoit quelques modifications en faveur des couples non mariés. 

Permettre l'adoption aux couples non-mariés

Aujourd'hui, adopter un enfant est un long processus administratif. Il faut obtenir un agrément du département délivré sous réserve d'une évaluation socio-éducative et psychologique concluante. Il est indispensable pour adopter mais ne garantit pas à la famille qu'un enfant lui sera confié.

Autre condition : avoir 28 ans ou être en couple, marié depuis au moins 2 ans. Dans sa forme actuelle, la réforme de l'adoption pourrait abaisser l'âge à 26 ans, et permettre aux mariés, pacsés ou concubins depuis au moins 1 an d'adopter. 

Ouvrir l'adoption aux couples non-mariés serait un changement important dans la loi, plus adapté à la société française actuelle, selon Coralie Courtaigne-Deslandes, présidente de l'association enfance et famille d'adoption (Seine-Maritime).

En cela, le texte s'adapte à la réalité de la société moderne française et cela va permettre de faciliter beaucoup d'adoptions intra-familiales, c'est à dire l'adoption des enfants des conjoints dans des couples pacsés ou en concubinage.

Coralie Courtaigne-Deslandes

Aujourd'hui, l'adoption pléniaire d'un enfant (c'est à dire conférant l'autorité parentale) est possible jusqu'à ses 15 ans. Le nombre de familles en attente d'adopter est largement supérieur aux adoptions réalisées chaque année. Selon les derniers chiffres, près de 650 pupilles de l'État ont été adoptés en 2018, et 615 enfants adoptés à l'étranger la même année alors que 10.600 agréments étaient valables. 

Après 4 ans d'attente, témoignage de Loïc, père adoptant

Cette attente, Loïc l'a vécu pendant 4 ans. Il y a peu, il a enfin pu adopter un enfant né sous X. Le couple, qui rencontrait des problèmes de fertilités, a préféré ce chemin plutôt que d'avoir recours à la PMA (procréation médicalement assistée). Ils souhaitaient avoir un enfant "le plus jeune possible" pour "le voir grandir et l'accompagner dans toute sa croissance". 

La première fois qu'on prend son enfant dans les bras c'est une vague d'émotion, de sentiment incommensurable. C'était un arrêt dans le temps pour tous les 3. C'était magique, la concrétisation de tout. À la fois un aboutissement et un commencement.

Loïc

"Faire le deuil de l'enfant biologique"

Avant de se lancer dans les démarches d'adoption, le couple a dû "faire le deuil de l'enfant biologique pour accepter le fait qu'il n'y aura pas de filiation par le sang", nous confie Loïc. "Quand on voit le nombre de familles recomposées, où ça se passe très bien, on se rend bien compte que les liens du sang ne sont pas forcément nécessaires pour construire une famille."

Avec l'adoption de leur enfant, Loïc et sa compagne forment désormais une famille à part entière, sans secret ni tabou. Ils sont prêts pour le jour où leur enfant aura envie de connaître l'histoire de ses parents biologiques. 

"On peut toujours avoir l'appréhension de se demander comment ça va se passer s'il les retrouve, c'est normal. Mais passée cette fugace appréhension, on se dit qu'on n'a pas le droit de porter un jugement là-dessus", explique Loïc. "La seule chose que je peux faire, c'est d'accompagner mon enfant quel que soit son choix et sa décision. Tout ce qui m'importe, finalement, c'est son bonheur."

 

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