C’est l’histoire d’un Havrais devenu une légende au Japon. Au pays du soleil levant, il obtient le surnom de roi sans couronne au terme d’un combat qui restera dans les annales du Kick Boxing. A 49 ans, Jérôme Le Banner nous livre le récit de sa vie sportive.
Œil vif, sourire franc et toujours cette même décontraction face à la caméra. Il faut dire que Jérôme Le Banner, alias Geronimo, a plusieurs cordes à son arc. Non content d’être l’un des combattants les plus réputés de sa génération, il est également un acteur aujourd’hui reconnu dans le monde du 7ème art. Une belle revanche pour ce fils d’ouvrier dont l’avenir a basculé en franchissant les portes d’une salle de boxe.
"J’étais un gamin turbulent, ma mère m’a d’abord inscrit au judo pour que je me canalise. Elle ne voulait pas que je fasse de la boxe par rapport à mon père qui pratiquait cette discipline mais qui se battait dans les guinguettes et les bars ! Ma mère ne voulait pas revivre ça avec moi, j’ai donc dû attendre d’avoir 18 ans pour enfiler les gants !"
Une révélation pour le Normand qui se donne corps et âme pour devenir le meilleur sur le ring. "J’ai commencé par la boxe américaine, j’étais un vrai moine ! Pas de sortie, pas de copine…et je travaillais à côté. Je coupais des roseaux autour du Pont de Normandie, j’ai aussi travaillé en boîte nuit et comme agent de sécurité dans un supermarché". Rapidement Jérôme le Banner enchaîne les combats et surtout les victoires ! "A un moment j’ai gagné LE bon combat, et les Japonais m’ont repéré ! J’ai rapidement signé un contrat là-bas pour combattre".
Lost in translation
Il n’a que 20 ans quand il débarque au Japon. De la Baie de Seine au pays du soleil levant le dépaysement est total. "Quand je suis arrivé j’ai eu l’impression d’être au Club Dorothée en live, c’était Bioman et Spectreman (rire) ! J’ai beaucoup appris de leur mentalité et les fans de sport japonais m’ont vraiment donné envie de me surpasser"
En 2002 le Français acquiert définitivement ses lettres de noblesse dans un combat épique face au Hollandais Ernesto Hoost en finale du K1 World Grand Prix.
Je perds ce combat mais je me relève 3 fois et je résiste malgré ce coup pied qui me brise le bras en mille morceaux….aux yeux des supporters je deviens Le samouraï étranger.
Jérôme Le Banner
La naissance d’une star
La guérison sera longue mais avec ce combat Le Banner entre dans une nouvelle dimension. En dehors du ring il devient l’égérie de nombreuses marques japonaises. Le colosse séduit tout un peuple sans parvenir à remporter la finale du K1, c’est la naissance du "roi sans couronne ".
Avec ses 1m90 et ses 120 kilos, Le Banner sera pendant ses 30 ans de carrière un combattant redoutable. En Kick Boxing il totalise 78 victoires pour 22 défaites. Sa puissance, sa technique et sa folie comme il le concède lui-même lui ont permis de briller dans une discipline réputée violente. "Oui c’est violent, il y a du sang….des chaos…des bras et des genoux cassés…des gueules cassées aussi ! Mais la vie est violente sauf qu’ici les coups on les prend de face et pas par derrière !"
Aujourd’hui Geronimo transmet son savoir en entraînant deux jeunes combattants ainsi que sa compagne Coralie Camilli.
Docteure en philosophie et championne d’Aïkido elle fera bientôt son premier combat de Kick Boxing. "Au début quand je l’ai vu arriver avec son petit gabarit je lui ai dit tu devrais plutôt rester avec tes bouquins mais quand je l’ai vu frapper pour la première fois j’ai compris que c’était du sérieux (rire) ! "