Village et plage bouclés de 7h30 à 16h, les mesures de sécurité prises ce jeudi 24 juin par les autorités étaient particulièrement drastiques. Une opération de déminage délicate et très risquée devait se produire sur la plage. Mais tout a été plus rapide que prévu.
Cette journée du jeudi 24 juin avait créé la surprise à Saint Jouin Bruneval depuis l'annonce du confinement total de la commune et de sa plage, de 7h30 à 16h.
Un engin explosif de 150 kg avait été rétrouvé plusieurs semaines auparavant et les opérations de déminage ont été programmées pour cette journée précise en raison des conditions marines, et du fort coefficient de marée.
Une bombe particulièrement dangereuse
La nature de cette bombe et sa position à la verticale dans les galets avec son ogive pointée vers le ciel, interdisaient en réalité un accès facile au culot. Du coup, les démineurs préfèraient intervenir sur l’engin à marée basse afin que celui-ci puisse être déterré à marée haute et tracté vers le large pour y être ensuite neutralisé.
Mais le caractère particulièrement délicat de cette opération et sa localisation géographique avaient nécessité l'instauration d'un périmètre inhabituellement étendu d'1,5 kms tout autour du site de déminage. Contrairement aux opération similaires précédentes, la commune entière faisait partie du périmètre et aucune sortie n'y était autorisée entre 7h30 et 16h.
Informés par la mairie, les 1850 habitants sont donc pour la plupart restés enfermés chez eux avec interdiction de sortir, même dans leur jardin et l'école aussi a été concernée. Autorisée au départ, l’ouverture de l’école avait finalement été oubliée pour une raison simple. Les élèves auraient dû rester cloîtrés dans la classe volets fermés toute la journée sans pouvoir aller aux toilettes. Ces derniers ne sont en effet accessibles qu’en passant par la cour extérieure.
Pourquoi de telles précautions ?
Au vu du calibre et de la puissance de la bombe, les autorités craignaient en priorité des retombées très dangereuses et possibles dans un rayon assez large.
Selon le préfet, "le périmètre de sécurité d'un rayon de 1500 mètres avec mise à l’abri a pour objet de protéger la population, contre toute potentielle projection d’éclats. Cette mesure est impérative, obligatoire et s’applique à tous ".
Cette opération ne nécessitait pas de déplacement des riverains. Pas d’évacuation, ni de regroupement dans un gymnase. Cette fois, les habitants étaient invités à rester chez eux « dans un logement en dur », autrement dit pas de tente de camping. Dans l’idéal et si possible, volets clos et fenêtres ouvertes, une précaution en cas de souffle provoqué par l’explosion.
De gros moyens ont été déployés avec une centaine de personnes mobilisées pour l'occasion comme des pompiers et gendarmes. Un dispositif mis en place aussi dans les airs avec un hélicoptère et un drone en surveillance sur toute la zone.
Mais pour le maire de la commune, les déminages, aussi délicats soient-ils n'ont rien d'exceptionnel :
"Il n' y a pas vraiment de danger en réalité, car à chaque fois que l'on retrouve un obus, le signalement est immédiat. Et derrière, les services de l'Etat interviennent rapidement. Mais là, cette fois, l'ampleur de la zone de confinement était impressionnante, cela arrive tous les 3 ou 4 ans !"
Et de fait, les démineurs, venus de Cherbourg, ont finalement déjoué tous les pronostics très rapidement, puisque le confinement a été rapidement levé, vers 11h, sur l'ensemble du périmètre terrestre.
La dernière opération de ce type dans le village remonte au 2 octobre 2020. Mais ce jour là, seul l’accès au littoral avait été interdit.
Le compte rendu d'une matinée délicate en vidéo avec notre équipe sur le terrain :
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Les démineurs estiment qu'il faudra pas moins d'un siècle pour détruire tous les obus retrouvés régulièrement sur les côtes normandes.