Les Etats-Unis ont annoncé des livraisons exceptionnelles de GNL pour faire face à la dépendance de l'Europe au gaz russe. Le Havre pourrait accueillir un site mobile de regazéification.
Le port du Havre fait partie des sites potentiels retenus par l'Etat pour installer un site mobile de regazéification de GNL (gaz naturel liquéfié) en provenance des USA, selon une "source proche du dossier" selon l'Agence France Presse, qui confirme une information du journal "les Echos"
Le 25 mars 2022, Joe Biden annonçait la livraison de quinze milliards de mètres cubes de GNL d'ici la fin de l'année. Le président américain veut ainsi aider l'Europe à réduire ses achats de gaz russe (environ 50% des approvisionnements de l'UE) et donc sa dépendance face au pays lancé dans la guerre en Ukraine.
Des sites de regazéifications indispensables
Le GNL arrivant par bateau citerne doit passer de l'état liquide indispensable à son transport à sa forme gazeuse pour pouvoir être injecté dans le réseau de distribution de méthane français. Dans le jargon du secteur énergétique, on parle de FSRU (en anglais, l'acronyme d'unité flottante de regazéification).
C'est un navire méthanier qui est amarré en permanence près du rivage. LE GNL transporté par bateau est transféré du navire vers le FSRU. Ce dernier stocke et regazéifie pour ensuite livrer du gaz naturel haute pression.
Jean-François Carenco, président de la commission de régulation des énergies
Le patron de Total Energie propose de prêter cet équipement permettant de traiter annuellement cinq milliards de mètres cubes de GNL, soit le tiers des livraisons annoncées les Etats-Unis. La France compte trois terminaux méthaniers fixes à Dunkerque, Montoir-de-Bretagne près de Nantes et Fos-sur-Mer. Ces derniers fonctionnent déjà presque au maximum leur capacité. Il y a donc besoin d'un équipement complémentaire en France.
Reste à déterminer à quel endroit, le FSRU sera installé. Le port du Havre ferait donc partie des sites retenus par l'Etat. Mais Haropa port Le Havre ne confirme pas l'information pour le moment.
S'il fallait implanter un FSRU quelque part en France par exemple au Havre, il y aurait tout un tas d'études à mener pour réaliser cette première qui n'existe pas aujourd'hui. Notamment en terme de sécurité, de risques industriels, de raccordement à réaliser.
Florian Weyer, directeur général délégué Haropa port Le Havre
La sécurité de l'installation questionne
Les opposants au projet de terminal méthanier prévu un temps à Antifer près du Havre, avaient notamment mis en avant les risques liés au stockage de gaz. Le maire de Saint-Jouin-Bruneval, commune sur laquelle se situe le terminal pétrolier d'Antifer et à la forte sensibilité écologiste connaît bien le dossier et apporte de nombreux interrogations sur le projet de FSRU.
Ce n'est pas la même logique ni le même impact sur l'environnement puisque c'est un équipement mobile. Le GNL import ne provient pas toujours de pays plus stables ou remarquables sur les droits de l'homme que la Russie. LE GNL américain est à base de gaz de schiste, ce n'est pas terrible d'un point de vue environnemental. En plus les installations mobiles ne sont pas soumises aux mêmes obligations de sécurité que les sites fixes. Il faudra être vigilant. Enfin, sur l'aspect juridique comment se fait-il que Total soit déjà sur les rangs, sans mise en concurrence ?
François Auber, maire (divers gauche) de St-Jouin-Bruneval
L'élu déplore aussi que les choses se fassent dans l'urgence. "C'est une interpellation sur l'autonomie énergétique de la France. Pourquoi n'a-t-on pas anticipé le développement du solaire ou de l'éolien ?" se demande François Aubert.
La commission de régulation de l'énergie n'a elle, aucun doute, sur l'installation à moyen terme d'un FSRU en France. "Les hivers prochains seront compliqués [en terme d'alimentation en gaz NDLR]. Mais que ce soit cette année ou dans quinze, il n'y aura pas de regrets à avoir. Je pense que les obstacles juridiques vont s'abattre" confirme Jean-François Carenco, son président.
Les travaux de raccordement du FSRU au réseau de distribution de gaz terrestre coûterait 30 millions d'euros et nécessiterait une quinzaine de mois en cas de procédure administrative simplifiée