Jardinage : quand belles plantes riment avec envahissantes

A la sainte Catherine, tout bois prend racine. Le dicton est connu : c'est le moment de façonner les jardins ! Mais attention à ne pas vous laisser séduire par les feuillages colorés. Certaines essences, pourtant très communes, sont interdites à la plantation.

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Sa couleur mauve est séduisante. Avec ses fleurs en forme de grappe et sa réputation d’être rustique, "l’arbre à papillons" a tout pour plaire. Son vrai nom, c’est le buddleia. On le trouve partout : sur les ronds-points, sur les bords des routes et dans les jardins. Ses graines se répandent au gré des vents. Mais ce n’est pas là l’unique problème.

une grappe de fleurs de l'arbre à papillons, faux-ami de la biodiversité © T Tavitian/France télévisions

Le buddleia a la réputation d’attirer les papillons dans les jardins, et d’être un atout pour la biodiversité. "Mais le nectar de ses fleurs n’est pas très riche comparé à d’autres ; pour les papillons c’est donc moins intéressant", précise Jean-François Dufaux, chargé de mission pour le conservatoire des espaces naturels en Normandie.  "En plus, les feuilles du buddleia ne sont pas au goût des chenilles. Elles ne peuvent pas entamer leur transformation en chrysalide, elles meurent sur place. Ça finit par nuire aux populations de papillons", complète-t-il.

Les fleurs colorées des griffes de sorcière séduisent les jardiniers mais la plante grasse nuit à la végétation indigène sur les littoraux normands et bretons. © T Tavitian/France télévisions

Autre belle plante, dont la réputation est fondée sur des idées fausses : la griffe de sorcière. Cette plante grasse produit des fruits comestibles en forme de figue. Originaire d'Afrique du Sud, la succulente très graphique permettrait de tenir en place le sable des dunes sur les espaces littoraux. Certains espaces comme Réville dans le Cotentin, ou les côtes bretonnes en sont envahies. Mais où est le problème ?

Jean-François Dufaux détaille la croissance de cette plante : "elle n’a pas de système racinaire profond, ses stolons, comme pour les fraisiers, ne suffisent pas à tenir le sable. Elle va envahir la dune en éliminant toutes les espèces locales comme l’oyat, qui elles, maintiennent la dune."

La griffe de sorcière envahit la dune de Réville dans la Manche. Des chantiers d'arrachage ont été menés sur les côtes bretonnes. © T Tavitian/France télévisions

Autre exemple d’une plante décorative qui pourrait vous donner envie d’enfiler vos gants de jardinier : l’herbe de la pampa. Cette herbacée peuple les jardins depuis bien longtemps. Elle a été à la mode à la fin des années 70 et fait son grand retour dans les tendances. Pourtant ses feuilles sont coupantes et ses grandes hampes légères, blanches ou roses, très allergisantes.

Les espèces classées "exotiques envahissantes" sont interdites en France

Ces arbustes et ces plantes, peut-être en avez-vous prélevés dans la nature. Vous les avez sûrement croisées en vente sur des sites internet ou dans les allées de certaines jardineries.

A Louvigny,  la jardinerie Botanic commercialise "une espèce d’herbe de la pampa dont la floraison est limitée, à petit développement", précise Patrice Bouteiller, le directeur. "Cette espèce est intéressante pour son feuillage panaché mais elle ne présente pas de grandes hampes ; or, c’est ce que cherchent les clients. Notre enseigne est signataire d’une charte qui nous engage à ne pas vendre d’espèces envahissantes, comme le buddleia. Si on en vend, c’est que les pieds sont stériles", précise-t-il.

L'herbe de la pampa a connu un vrai succès dans les jardins. Cette herbacée décorative n'est aujourd'hui plus autorisée à la vente. © T Tavitian/France télévisions

Mais certains clients ne l’entendent pas de cette oreille. Les hautes tiges des herbes de la pampa sont souvent utilisées comme décorations, "la demande a toujours été constante. Il est d’ailleurs possible d’en trouver sur le marché européen. L’Italie en commercialise toujours", note Patrice Bouteiller.  

Ce que regrette Jean-François Dufaux, du conservatoire des espaces naturels, c'est plutôt que "la réglementation soit souvent en retard sur les sous-espèces produites en pépinière. Une plante non-inscrite ne signifie pas qu'elle n'est pas invasive, mais qu'elle n'a pas encore été identifiée par les autorités."

Une sanction de 150 000 euros d'amende 

En ce qui concerne les espèces exotiques envahissantes, la réglementation française a été précisée en mars 2020 par un arrêté ministériel. La Dréal Normandie (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) donne les sanctions encourues : 3 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende d’après l’article L415-3 du code de l'environnement pour les contrevenants qui introduiraient dans le milieu naturel des espèces exotiques envahissantes. Leur détention, transport, échange, achat, mise en vente et échange sont aussi sanctionnés.

Interdiction de vider l’aquarium de votre poisson rouge dans les mares

Même les mares et plans d’eau sont concernés. Les espèces envahissantes prolifèrent aussi dans l’eau douce, comme la myriophylle du Brésil.

La mare de Giverville est envahie par un épais tapis de plante aquatique venue du Brésil © T Tavitian/France télévisions

"Ce sont des plantes exotiques aquatiques qui se retrouvent là à cause d’aquariums vidés par leurs propriétaires. Pour eux, c’est une manière de se débarrasser des plantes destinées à l’oxygénation de l’eau, et parfois aussi des poissons rouges, dont les conditions de vie en bocal sont désormais encadrées", explique Rémi Mandra du conservatoire des espaces naturels. Mais ce n’est pas un cadeau pour le milieu naturel.

Hydrocotyle, myriophylle du Brésil...Ces plantes aquatiques qui se reproduisent très vite peuvent même entraver la circulation des navires dans les canaux. Les voies navigables de France ont dépensé 3 millions d'euros en arrachage l'an dernier. Ces petites plantes introduites souvent par erreur dans le milieu naturel ont donc de grands effets sur l'économie.

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