Pour la Journée mondiale de lutte contre le sida, vendredi 1er décembre, les institutions médicales et laboratoires encouragent la population à réaliser des mesures de prévention et de dépistage.
C'est un paradoxe de la lutte contre le SIDA. Malgré les mesures de prévention, le nombre de nouveaux diagnostics et le délai entre la contamination et le diagnostic ne diminuent pas en France, expose Santé Publique France à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, vendredi 1er décembre.
En 2022, entre 4200 et 5700 personnes ont découvert leur séropositivité, estime l'organisme de santé dans son rapport 2023. Des chiffres stables par rapport à 2021 mais en augmentation en comparaison de la période 2019-2020. Parmi ces dernières, 54% sont des hétérosexuels et 41% des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). « Tout le monde est concerné par le VIH. Un dépistage au moins une fois entre 15 et 70 ans est recommandé par les professionnels de santé », relève la Dr Geneviève Roth, biologiste médicale à Avranches chez Ouest Biologie.
Un dépistage au moins une fois entre 15 et 70 ans
Derrière ces données, se cachent des méconnaissances persistances concernant la prévention et le dépistage du sida. Une situation qui risque une propagation incontrôlée du virus. "Ça reste parfois encore un peu tabou, alors j'essaye d'ouvrir la discussion auprès des patients. Certains me disent parfois "je ne sais pas ce que c'est le VIH". Il y a encore beaucoup de travail de sensibilisation à réaliser", assure Geneviève Roth.
En Normandie, le nombre total de personnes ayant découvert leur séropositivité au VIH progresse, passant de 37 cas par million d'habitants en 2021 à 52 cas en 2022. La région fait également partie des quatre régions métropolitaines (avec la Corse, le Grand Est et la Bourgogne France Comté) où les diagnostics sont les plus tardifs. Or plus le dépistage est réalisé tôt, et plus la santé de la personne est préservée et le risque de transmettre le virus réduit à néant.
"Se faire dépister c’est réduire le risque de transmission aux autres et démarrer un traitement plus tôt pour une prise en charge plus efficace. Or actuellement, 43% des dépistages sont découverts à un stade tardif"
Docteur Geneviève Roth, biologiste médicale
Pour renforcer la stratégie d'enrayement du virus, le dépistage du VIH est devenu possible dans les laboratoires de biologie médicale, sans ordonnance, sans avance de frais et sans rendez-vous, depuis le 1er janvier 2022. Un dispositif déployé par l’Assurance Maladie en collaboration avec l'ARS.
Dépister en laboratoire médical sans rendez-vous
Concrètement, le patient qui se présente en laboratoire peut réaliser immédiatement une prise de sang qui déterminera son résultat. Si le test est négatif, le résultat est communiqué dans la journée. S'il est positif, le biologiste se chargera de réaliser un test de confirmation puis de contacter la personne pour un second prélèvement et un contrôle d'identité.
Un an après le déploiement de la mesure, les effets se font ressentir : "On a vu la différence depuis que la mesure est entrée en vigueur ! Les laboratoires avaient à cœur de rentrer dans le volet de prévention, au-delà du diagnostic. Cela simplifie la démarche de dépistage et on en fait beaucoup plus. En 2022, près de 6,5 millions de dépistages du VIH ont été réalisés en laboratoire de biologie médicale contre 5,7 millions en 2021", ajoute Geneviève Roth. Des chiffres encourageants, sans pourtant retrouver des niveaux équivalents à 2019.
1er décembre journée de lutte contre le VIH, c'est demain !
— Centre LGBTI Normandie - Antenne de Caen (@CLGBTINdie_Caen) November 30, 2023
Santé Publique France vient de publier les chiffres sur l’épidémie du VIH en 2022. Les contaminations augmentent pour la deuxième année consécutive, en France et aussi en Normandie.
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Le dispositif gagne encore à être connu : "À peine plus de la moitié des Français (59%) affirment être au courant de la gratuité du dépistage dans les laboratoires d'analyses médicales", pointe le sondage réalisé par Toluna Harris Interactive. "C'est pour cela que nous devons poursuivre nos efforts en matière de dépistage et prévention, au-delà de cette seule journée du 1er décembre", concluait Geneviève Roth. Dans le monde, 39 millions de personnes vivaient avec le VIH fin 2022.