Dans son livre "Débarquement pour les Nuls", l'historien caennais Claude Quétel a vulgarisé les points clés du D-Day. Il a pris le parti d'expliquer à tous cet événement clé de l'histoire, et démonte dans un même temps quelques idées reçues.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Américains, les Britanniques et les Canadiens, entre autres, ont débarqué sur les plages normandes pour libérer la France et livrer la Bataille de Normandie contre l'armée de l'Allemagne nazie. C'est le 6 juin 1944 qu'a eu lieu le D-Day. Jour désormais gravé dans les mémoires, il représente le grand tournant de la Seconde Guerre Mondiale.
Le Débarquement de Normandie, un enjeu stratégique
Claude Quétel, historien normand, explique que le matériel militaire et les effectifs ont eu une place prépondérante durant la Seconde Guerre Mondiale. Au-delà de ça, c'est également la stratégie des différentes nations impliquées qui a joué son rôle dans l'issue de l'opération Overlord, mais aussi de cette guerre.
À propos du Débarquement de Normandie, l'historien raconte : "Ce Débarquement est décisif dans la mesure où il va, dans une espèce de phase finale, prendre (l'ennemi) en tenaille avec un grand débarquement à l'ouest et une grande offensive à l'est".
En fait le grand danger que l'Allemagne a couru et finalement connu, c'est se battre sur deux fronts.
Claude Quétel
En effet, l'Allemagne s'est battue à l'est avec 2 millions de soldats et à l'ouest avec 1,4 million de soldats, allant de la Norvège jusqu'aux Pyrénées.
Les forces en présence
Les effectifs en présence lors de la Seconde Guerre Mondiale sont impressionnants. D'après Claude Quétel, au printemps 1944, ce sont :
- 3 millions de soldats britanniques et américains
- 12 000 avions
- 4 000 navires à fond plein
Toutes ces forces se préparaient à débarquer pour l'opération Overlord. L'historien le dit, "toutes les guerres sont affaires de courage et parfois d'héroïsme, mais la Seconde Guerre mondiale est aussi une affaire de matériel, d'effectif, un rapport de force, une arithmétique".
Stalingrad en Normandie : l'histoire se répète ?
L'une des idées reçues que l'on peut avoir concernant le Débarquement est sa comparaison avec la Bataille de Stalingrad. Là où, sur la Volga, toute une armée allemande avait été totalement encerclée et finalement annihilée.
Il existe cette expression "Stalingrad en Normandie", selon laquelle les événements se seraient répétés.
En réalité, plus de la moitié de l'armée allemande a pu s'échapper lors du Débarquement. Cela signifie que les soldats allemands n'ont pas tous été pris au piège dans la poche de Falaise. Ainsi, au contraire de Stalingrad, durant la Bataille de Normandie, l'armée allemande n'a donc pas été complètement détruite.
La logistique, la clé de la victoire ?
À Arromanches, Claude Quétel considère que la logistique a joué un rôle clé dans la victoire des Alliés.
Ce qui fait la différence, c'est la logistique. Les Allemands ont une logistique faible.
Claude Quétel
Des caissons massifs ont été remorqués à travers la Manche. La trouvaille était de les couler pour qu'ils atterrissent sur le sable pour former une jetée vers le port. Au port d'Arromanches, ce sont chaque jour environ 20 000 tonnes d'hommes et d'équipements qui étaient déchargés.
Toutefois, l'historien indique que le port d'Arromanches n'a pas tout fait à lui seul. Les plages d'Omaha et d'Utah avec les DUKW (Dual Utility Kargo Waterborne) ont déchargé aussi 15 000 tonnes de matériel par jour.